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Les réactions des scientifiques à l’entente intervenue mercredi au terme de la COP28  vont de l’optimisme —un « réel progrès »— au rejet pur et simple —« une distraction ». Mais la moyenne des résultats penche davantage vers la déception.

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La formulation de l’entente « n’oblige pas à de l’action, et le fait de retarder encore plus les changements est indéfendable », dénonce la professeure britannique en sciences de la Terre Daniela Schmidt, de l’Université de Bristol. « Prétendre que d’avoir réduit les émissions en 2050 sera suffisant, c’est ignorer les menaces pour la vie » que font peser les actions humaines sur la planète. La COP28, renchérit dans le magazine économique Forbes l’expert britannique en empreinte carbone Mike Berners-Lee, « représente le rêve de l’industrie des énergies fossiles, parce que ça ressemble à du progrès, mais ça ne l’est pas ».

Il est impossible de se réjouir du fait que les combustibles fossiles continueront d’être responsables de 7 millions de décès prématurés par année, en plus de nombreux problèmes de santé, résume, pour le bulletin Health Policy Watch, Maria Neira, directrice du département du climat, environnement et santé à l’Organisation mondiale de la santé. 

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« Tout le monde est perdant », ajoute le climatologue Friederike Otto, du Collège impérial de Londres. « Avec chaque verbe flou, chaque promesse vide, des millions de personnes de plus vont se retrouver en première ligne des changements climatiques et plusieurs vont en mourir. »

Rappelons que même si tous les pays respectaient leurs engagements actuels de réduction des gaz à effet de serre, on s’acheminerait tout de même vers un réchauffement pouvant aller à la fin du siècle, selon les dernières estimations, jusqu’à 3 degrés. 

D’autres scientifiques sont frustrés par l’absence d’engagements à l’égard des pays qui en auront le plus besoin. La COP28 s’était ouverte le 30 novembre par une bonne nouvelle, la création du nouveau fonds sur les pertes et dommages. Mais le manque de financement a obligé à tempérer l’enthousiasme, résume Lisa Schipper, de l’Université de Bonn: « ça continue d’être la grosse faiblesse ». Les pays les plus vulnérables auraient souhaité au minimum une phrase sur la « sortie » des énergies fossiles, déclare Mizan Khan, environnementaliste pakistanais au Centre sur les changements climatiques et le développement. Mais les COP, se désole-t-il dans la revue Nature, produisent rarement des « décisions fortes ».

Chez les optimistes, on tient à souligner la percée « historique » : avoir admis clairement, pour la première fois, que l’ère des énergies fossiles approche de sa fin —même si on n’a pas fourni de calendrier. Ça n’était jamais arrivé en trois décennies de négociations, rappellent dans Forbes autant Kaya Axelsson, de l’Université Oxford, que Rob Bellamy, de l’Université de Manchester.

Mais pour l’auteur et militant environnemental Bill McKibben, la retombée positive sera peut-être ailleurs: les résultats de la COP28 sont tellement maigres, tellement en-dessous des attentes, que cela pourrait devenir « un outil pour les militants »: tous les pays se sont entendus publiquement pour dire « qu’ils doivent effectuer une transition hors des combustibles fossiles, et cette phrase va flotter au-dessus de toutes les discussions à partir de maintenant —spécialement les discussions sur toute future expansion des énergies fossiles » S’il n’y a qu’une chose que ces mots veulent dire, conclut-il, c’est « aucune ouverture à de nouveaux forages pétroliers, aucun nouveau pipeline, aucun nouveau terminal d’exportation de gaz naturel liquéfié ».

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