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Le refroidissement des relations entre les États-Unis et la Chine n’a pas eu que des conséquences politiques. La recherche sent elle aussi un vent froid, qui affecte les embauches, les collaborations entre universités, les publications dans les revues scientifiques et jusqu’à la vie privée de certains chercheurs.

Ici et là, des chercheurs d’origine chinoise relatent avoir été détenus par les douaniers pendant une heure ou deux, à leur retour aux États-Unis. Des accusations d’avoir transmis des informations « sensibles » ont fait l’objet d’enquêtes, y compris au Canada.  

Mais au-delà de ces anecdotes, les chiffres parlent d’eux-mêmes: depuis 2017, le nombre de recherches conjointes entre des chercheurs des deux pays est en régression, une première après quatre décennies de croissance.  

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Certes, la barre reste encore haute: en 2021, les universités américaines avaient décerné plus de 8000 doctorats à des étudiants originaires de Chine. Un nombre considérable puisque, rappelle la revue Nature dans un éditorial paru le 26 février, cela représente presque le tiers des 25 000 doctorats remis à des étudiants internationaux. En fait, chacun des deux pays est le plus gros partenaire de recherche de l’autre, et de loin.

Mais on sent un déplacement des forces: comme le révélait le Nature Index de la revue du même nom en novembre dernier, le ratio de publications provenant de Chine et signées uniquement par des chercheurs chinois est passé de 72% en 2015 à 82% en 2022. Une tendance similaire s’observe aux États-Unis. Parallèlement, on voit apparaître des collaborations entre la Chine et de plus petits pays, notamment à travers l’initiative de la « nouvelle route de la soie ».  

Ceux qui s’en inquiètent soulignent le lien étroit des dernières décennies entre une recherche scientifique dynamique et un secteur industriel tout aussi dynamique. Les collaborations internationales ont eu de nombreuses retombées économiques et certains pays ont payé, des années plus tard, le fait d’avoir coupé dans leurs budgets de recherche. 

Mais le contexte géopolitique actuel, où la Chine est regardée avec méfiance et n'est pas particulièrement transparente, va inévitablement continuer de nuire à ces relations, dans des domaines aussi importants pour le futur que la recherche sur les changements climatiques, la qualité de l’eau ou la non-prolifération des armes nucléaires. Rappelant que c’était, à la fin des années 1970, à une époque de tensions entre les deux géants que cette collaboration scientifique était née, l’éditorialiste de Nature émet le souhait « qu’alors que les tensions sont à nouveau en croissance, les chercheurs puissent être le pied dans la porte qui maintienne les canaux de communication ouverts ».

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