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La Chine et les États-Unis s’engagent-ils, en science, sur deux routes séparées? C’est ce que suggèrent de plus en plus de chiffres qui, tout en confirmant qu’il se publie de plus en plus de recherches en Chine, observent une régression du nombre de collaborations avec des chercheurs américains ou européens.

Déjà, c’était depuis 2017 qu’on notait une baisse des recherches impliquant une collaboration entre chercheurs de Chine et des États-Unis. Même la pandémie n’avait pas réussi à inverser cette tendance et ce, en dépit du fait que les collaborations internationales sur la pandémie étaient, elles, à la hausse. 

Il faut aussi rappeler que la Chine a pris, le printemps dernier, la première place dans le classement des plus grands contributeurs aux revues de science de haut niveau : le « Nature Index », qui regroupe 82 revues prestigieuses, incluant Nature, Science, Cell ou Proceedings of the National Academy of Sciences. La Chine avait pris dès 2016 la première place pour le nombre total d’articles scientifiques, toutes catégories confondues, selon un rapport de la National Science Foundation des États-Unis. 

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Certes, ces classements et d’autres ont leurs limites, parce qu’un plus grand nombre de publications ne dit rien sur l’impact qu’elles auront (un calcul qui se fait en bonne partie à travers le nombre de fois où une étude est citée). Mais ces données illustrent le rattrapage du géant chinois entrepris depuis quelques décennies.

Et elles illustrent aussi le risque de voir les deux grandes puissances prendre des routes séparées. La revue Nature publie justement cette semaine un texte à partir des données récentes de son Nature Index: le ratio de publications provenant de Chine et signées uniquement par des chercheurs chinois est passé de 72% en 2015 à 82% en 2022. En comparaison, le ratio des États-Unis est passé de 75% en 2015 à 70% en 2010. Cela veut donc dire une légère hausse du nombre d’articles sans collaborations étrangères, mais cette compilation cache une autre réalité: la baisse de collaborations entre la Chine et d’autres est marquante quand on observe uniquement les collaborations entre la Chine et les pays occidentaux, mais on voit apparaître des collaborations avec de plus petits pays, notamment à travers l’initiative de la « nouvelle route de la soie ».  

En éditorial le 29 novembre, Nature mentionne que les restrictions aux voyages internationaux pendant la pandémie ont joué un rôle, mais il est clair que les tensions géopolitiques en jouent un aussi. Ce qui n’est pas une bonne nouvelle à l’heure où « les plus grands défis auxquels fait face l’humanité, de la lutte aux changements climatiques jusqu’à l’éradication de la pauvreté », nécessitent des collaborations internationales et des objectifs définis en commun. Approcher ces défis « sans des échanges de connaissances ne peut que ralentir les progrès en créant des systèmes qui se concurrencent dans la recherche de solutions et dans leur implantation ».

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