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semaine du 21 janvier 2002



La chèvre-araignée


La chèvre québécoise productrice de toile d'araignée frappe encore. Après avoir commencé à faire parler d’elle il y a près de deux ans, elle entre dans le champ de la recherche scientifique lue et approuvée.

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Cette chèvre est en effet loin d’être une nouveauté : il y a près de deux ans que les médias ont commencé à parler d’elle, et que la firme de biotechnologie Nexia, de Vaudreuil, en banlieue de Montréal, la traite aux petits oignons, analyse son lait sous toutes les coutures —et lui prépare une descendance. Mais pour la première fois, avec la parution jeudi dernier d’un article dans la dernière édition de la revue Science, on a droit à des données scientifiques solides.

Pourquoi vouloir produire de la toile d'araignée? Parce que même les fibres les plus coûteuses fabriquées par le génie humain n'arrivent pas à la hauteur de cette substance-miracle. La toile d'araignée est plus solide que l'acier, et s'étire mieux que le nylon. Avec des fils plus minces qu’un cheveu!

On comprend dès lors que nombre d’entrepreneurs rêvent d’en produire. Et d’en produire beaucoup.

Mais que vient faire une chèvre là-dedans? Eh bien, il y a déjà un gros siècle que ces mêmes entrepreneurs cherchent à élever des araignées pour produire de ce "tissu" en quantité suffisante pour qu'il soit commercialisable. Sans grand succès: les araignées n’aiment pas vivre à proximité l’une de l’autre, et quand on les y force, elles finissent par s’entre-dévorer. Plus récemment, les chercheurs se sont donc tournés vers le génie génétique: en transférant le gène approprié de l'araignée dans un animal, ne pourrait-on pas obtenir cette fibre magique -par exemple, par l’intermédiaire du lait de cet animal? Sachant que la clef de cette toile, ce sont deux protéines produites par le gène en question, n’y aurait-il pas moyen de se débarrasser de l’araignée ?

Il a fallu 10 ans pour y arriver, et avant de penser à la chèvre et à son lait, d'autres équipes ont tenté de transférer des gènes d'araignée dans diverses bactéries, dont celle connue sous le nom de levure de bière; et plus tard, dans des hamsters. C'est finalement avec des hamsters, mais surtout avec la chèvre, qu'est arrivée à ses fins, il y a près de deux ans, la firme québécoise Nexia Technologies: les chèvres nées avec ce gène produisent, dans leur lait, une protéine imitant celle qui, chez les araignées, est à l’origine de leurs toiles.

Ou pour être plus précis, les cellules de cette chèvre possédant une version modifiée du gène en question produisent une version modifiée de l’une des protéines en question, lorsqu’on stimule ces cellules de façon appropriée au fond d’une éprouvette. Rien n’est simple, au royaume de la biotechnologie...

Le résultat final n'est donc plus exactement de la toile d'araignée, mais ça en a toutes les propriétés, décrivent les deux principaux signataires, Anthoula Lazaris et Costas N. Karatzas.

L’espoir à partir de là, c’est qu’un jour, cette protéine, extraite et synthétisée en quantité industrielle, puisse donner le matériau souhaité... en quantité industrielle.

"Nul n’a jamais été capable de fabriquer des fibres de cette façon auparavant ", a déclaré le Dr Jeffrey D. Turner, président de Nexia.

Reste un menu problème: comment diable arriver à produire de cette fibre en grande quantité, sans qu'il en coûte une fortune. Car les expériences décrites dans Science ont permis de produire, chaque fois... une demi-once. Au moment d’écrire ces lignes, la deuxième génération de cette "lignée", née en 2000, est sur le point d’avoir à son tour des bébés, ce qui commence à fournir une "garnison" de chèvres plus importante. Ce qui devrait donner une meilleure idée de ce qui pourra être produit. Et à quel coût. Mais pour en savoir plus, il faudra attendre encore quelques années.

Peut-être moins réjouissant est le fait que parmi les entrepreneurs intéressés, figure au premier plan… l'armée. Un tissu ultra-résistant, mais souple, cela peut en effet servir à fabriquer des sutures pour les médecins —et même des ponts!- mais aussi d'excellents gilets pare-balles pour les soldats. Ce n'est d’ailleurs pas un hasard si c'est depuis les années 60 que l'armée américaine travaille sur les araignées et leurs fameuses toiles. L’armée aussi s’est donc rapidement intéressée aux biotechnologies en général et aux manipulations génétiques en particulier. L'armée américaine et le ministère canadien de la Défense ont contribué financièrement à ce projet de "chèvre-araignée", et parmi les neuf signataires de l'article de Science, six sont de la compagnie Nexia, et trois du Commandement chimique et biologique de l'armée américaine à Natick, Massachusetts.

 

  • Des chèvres transgéniques et de Nexia, l'Agence Science-Presse vous en avait parlé dès mai 1999. Lisez cette chronique de la série Science pour tous

 


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