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«Toute ma vie, j’ai rêvé d’être une hôtesse de l’air», chantait Jacques Dutronc. Pas sûr que cela soit si tentant. Oubliez les clichés de l’agent de bord version Panam : sourire éclatant, blondeur raffinée et accueil poli à destination du monde. Aujourd’hui, chaque voyage est l’occasion de ramener à la maison des invités aux noms parfois exotiques: SARM, E. Coli O157 ou SRAS…

Paquetés comme des sardines, les voyageurs aériens ont le privilège de se côtoyer de près. À qui la chance de prendre place à côté de l’enfant braillard, de la grand-mère à la petite vessie ou de l’affolé du hublot? Un espace réduit où le partage est de mise. Entre dialogues, échanges de cartes d’affaires et… virus ou bactéries. Eh oui!

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Mais, est-ce que les bactéries et virus se propagent si facilement dans les avions? Demandez donc aux microbiologistes de l’Université Auburn en Alabama. Ils ont fait le test sur des parties d’avion que les passagers touchent régulièrement: poignée de porte de toilette, accoudoir, tablettes pour les repas et la fameuse «pochette du siège devant vous ».

Après stérilisation, les scientifiques ont appliqué deux microbes des plus sympathiques: la superbactérie SARM résistante aux antibiotiques et l’E. Coli O157, responsable de diarrhées mémorables. Le SARM a survécu plus d’une semaine dans la «pochette du siège devant vous» et l’E. Coli O157 quatre jours sur l’accoudoir. Suffisamment pour que vous puissiez l’attraper lors d’un vol intérieur. Un simple contact, même bref, avec une surface contaminée avant de vous toucher le visage ou le nez et c’est le jackpot.

Besoin d’alcool et d’un peu d’air, svp!

Les experts en médecine aéronautique —oui, oui, cela existe— préconisent deux façons pour éviter la contamination. Premièrement, emportez un gel sanitaire antibactérien (à 60% d’alcool) et servez-vous-en avant de manger ou de boire.

Et surtout, n’oubliez pas de l’utiliser après votre lavage de mains dans la salle de bains de l’avion! L’eau des avions a un passé bactériologique plutôt douteux. Pour preuve, les tests menés sur 327 avions par l’Environmental Protection Agency (EPA) en 2004. 15% d’entre eux avaient des niveaux élevés de bactéries fécales dans leur eau potable.

Après la mise en place de nouvelles normes sanitaires, l’EPA dit aujourd’hui que l’eau potable des avions ne pose aucun problème pour la santé. Enfin, cela vaut si vous ne faites par partie des immunodéprimés. Rassurant, non. Quant au thé ou au café préparé en vol, l’eau n’est pas portée à une température suffisante pour éliminer tous les pathogènes.

La seconde recommandation des experts, elle, concerne les pathogènes aériens comme ceux de la tuberculose ou de la rougeole. Pour vous en protéger, ils suggèrent de régler la ventilation individuelle (intensité faible à moyenne) pour former un écran d’air permanent en avant de votre visage. Absurde, dites-vous? Pas tant que ça.

Certes, les filtres à air des avions permettent de capter 99% des poussières et microbes. Mais, si vous avez la chance de tomber à côté d’un grippé carabiné, les particules de grippe risquent d’atteindre vos poumons avant le filtre.

Et pour les incrédules: plusieurs études montrent aussi que la tuberculose a la capacité de «se déplacer» dans un avion. Si vous êtes situé à deux rangs d’un tuberculeux et que le vol dure plus de huit heures, vous prenez le risque d’accueillir la maladie à la maison. Attention: la taille de la zone de transmission dépend du pathogène. Prenez le SARS. En 2003, sur un vol Hong Kong —Pékin, il a pris la peine de se déplacer jusqu’à sept rangées en avant du malade…

Avec tout cela en tête, avouez que vous ne voyagerez plus jamais de la même façon. Fini le temps ou vous alliez vous laver les dents dans la salle de bain d’un avion. Pour voyager en santé, exiger le cocktail «alcool et ventilation». À consommer avec modération.

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