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Ça aurait pu être l’élection où le climat serait devenu l’enjeu le plus important de notre époque; mais le climat n’a pas eu droit à une seule question en trois débats présidentiels.

Ça aura été l’élection qui a donné ses lettres de noblesse au journalisme politique de vérification des faits, le « fact-checking ». Mais ça n’a pas empêché de gagner le plus grand menteur de l’histoire politique américaine.

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C’est qu’en contrepoids au fact-checking, ça aura été l’élection qui a consacré les concepts de chambres d’échos et de biais de confirmation : c’est-à-dire lorsque des groupes s’enferment dans leur chambre pour ne plus écouter que les « nouvelles » et les billets sur Facebook qui confirment ce en quoi ils croient déjà.

C’était censé être, grâce à Internet, la décennie de la démocratisation de l’information, où le citoyen allait pouvoir confronter des sources « non traditionnelles » aux médias « traditionnels », afin de se faire une tête par lui-même. Bref.

Ça aurait pu être le moment où une femme briserait enfin le plafond de verre. Au lieu de cela, une majorité d’hommes —et une forte minorité de femmes— ont choisi le candidat le plus misogyne de l’histoire.

Étrange pays, où une frange conservatrice est suffisamment pesante pour élire un réactionnaire qui propose un retour vers le passé, mais où la plupart des neuf référendums locaux pour légaliser la marijuana sont passés, certains avec des marges très confortables.

Inquiétant pays, où un chef d’État qui a toutes les caractéristiques d’un démagogue autoritaire aux sympathies d’extrême-droite, doublé d’un impulsif colérique et narcissique, se retrouvera aux commandes du plus puissant arsenal nucléaire de la planète.

Bastion du journalisme d’enquête, mais dont les médias ont consacré, pendant toute la campagne, autant d’attention à un scandale inexistant de courriels qu’à tous les enjeux politiques réunis.

Le pays qui a engendré le plus grand nombre de Prix Nobel de science au monde, devient aussi celui qui élit un président antiscience pour qui le réchauffement climatique est un canular; et où les électeurs en profitent pour réélire des sénateurs formant le dernier bastion mondial des politiciens climatosceptiques.

C’est un pays dont les inégalités de richesses énormes, choquantes, expliquent en partie la désillusion d’une frange des électeurs —cette même frange qui a pourtant voté pour un millionnaire qui n’a pas payé d’impôts depuis 20 ans.

C’est une démocratie qui, en dépit de tous ses défauts, avait su maintenir un système faisant l’envie de plusieurs pendant plus de deux siècles. Et qui vient d’envoyer comme message à tous les partis d’extrême-droite du monde : si eux, pourquoi pas nous.

Ce sont des citoyens qui, en toute bonne foi, professent leur amour de leur pays et de leur constitution. Et qui viennent de poser un geste nihiliste : balayons tout et repartons à zéro.

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