En manchette la semaine dernière:
Les scientifiques désignent le
gagnant de la présidence
A lire également cette semaine:
Le trou voit la lumière au bout
du tunnel
La Terre sur
une glace mince
Ceci n'est pas
une 10e planète
Le retour de
la polio
Comment se faire
des ennemis sur Internet
Et plus encore...
Archives
des manchettes

LE KIOSQUE
Tous vos médias sur une seule page!
A voir aussi:
Le Kiosque
des sciences humaines
Le Kiosque
Histoire
|
Un Celera sur la sellette
Il est un principe quasi-sacré en science: quand
vous publiez vos résultats, vous publiez TOUS vos résultats.
Ce principe sera violé par la pourtant très prestigieuse
revue Science, pour des raisons bassement commerciales.
Que pensez-vous de cette course
au décodage du génome?
Discutez-en dans le forum Science-Presse/Médito
Si ses résultats sont trop longs pour être publiés
en entier, le scientifique se doit malgré tout de les
rendre accessibles gratuitement à quiconque en fait la
demande. C'est, entre autres, la seule façon de s'assurer
que la découverte puisse être confirmée:
la personne qui désire confirmer ces résultats
doit pour cela avoir en main toutes les données pertinentes,
sans exception.
On comprend alors mieux que la décision prise par la
revue Science ait
provoqué une grosse colère dans les milieux scientifiques.
Celui par qui le scandale arrive, c'est, encore une fois,
Craig Vanter, grand patron de la compagnie Celera Genomics, celle
qui est en tête de la "course" au décodage
du génome humain. Celera, dont les fondateurs ne se sont
jamais doutés du jeu de mots auquel leur nom donnerait
lieu en français, a plusieurs fois été accusée,
depuis deux ans, de ne divulguer qu'au compte-goutte ses découvertes
génétiques, afin de conserver plusieurs longueurs
d'avance sur ses concurrents, si jamais on découvre une
utilité commerciale à l'un ou l'autre de ces gènes.
Sauf que là, ça dépasse les bornes, s'insurgent
les dirigeants d'une vingtaine de centres de recherche internationaux
sur le génome. La compagnie Celera a remis à la
revue Science, pour publication, les résultats
de son séquençage (annoncé
en juin dernier) de l'ensemble du génome humain...
Mais la compagnie Celera refuse de rendre public tout ou partie
de ce séquençage. Autrement dit, les scientifiques
du monde entier peuvent avoir accès, via des banques de
données hautement spécialisées (dont GenBank),
aux données génétiques humaines décodées
par des Britanniques, des Japonais, des Français, des
Américains, y compris par le Projet Génome humain
(ou Hugo, financé, lui, par le gouvernement américain),
mais pas aux données décodées par Celera.
Du moins, pas tout de suite.
Le tollé a été tel que la revue Science
a dû s'expliquer sur ce qui l'a poussée à
déroger à ses règles habituelles. Dans une
déclaration publiée dans la dernière édition,
l'équipe de direction de la revue scientifique -qui représente,
avec sa concurrente britannique Nature, la crème
de la crème de la recherche scientifique internationale-
explique que Celera n'a jamais dit qu'elle ne rendrait pas accessible
l'ensemble de ses données. Au contraire, Celera s'est
engagée, le printemps dernier, au moment de l'annonce
conjointe Celera-Hugo, à rendre la séquence entière
accessible à l'ensemble des chercheurs, probablement sur
son propre site web. Elle n'a tout simplement pas précisé
quand... Et, de plus, elle a imposé des restrictions.
Ce qui, dans le monde feutré de la recherche, et de la
recherche subventionnée par l'argent des contribuables,
est quelque chose qui ne se fait pas...
Peut-être inspirés par le vieux crédo
des internautes, pour qui " l'information veut être
libre ", les dirigeants de cette vingtaine de centres de
recherche internationaux financés par les fonds publics
ont annoncé, en signe de protestation, qu'ils
enverraient dorénavant leurs articles scientifiques...
à la revue Nature.
Et vous vous imaginiez que le monde de la recherche scientifique
était dépourvu de ce type de querelles? Quand il
y a des gros sous en jeu...
|