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A quoi bon chercher de la vie sur Mars?
La Nasa perd-elle son temps et gaspille-t-elle l'argent
des contribuables en persistant à chercher de la vie sur
Mars? C'est une très sérieuse possibilité,
à la lumière des échecs répétés
des 25 dernières années...
A quoi sert l'exploration spatiale?
Discutez-en dans le forum Science-Presse/Médito
Le problème avec la science, c'est qu'elle ne donne
pas toujours les réponses qui font plaisir. Tout le monde
veut croire en la possibilité de vie sur Mars. Et la Nasa
mise beaucoup sur cet espoir, par exemple en investissant de
grosses sommes d'argent dans la recherche de vie dans les météorites,
en créant un programme d'études en "astrobiologie",
ou en réaménageant ses missions passées
(Pathfinder) actuelles (Mars Global Surveyor, en orbite depuis
trois ans) ou futures (les deux véhicules annoncés
il y a quelques semaines). Le
problème, c'est que de nombreuses tentatives ont d'ores
et déjà eu lieu, et qu'elles ont chaque fois fait
chou blanc.
Inutile de revenir sur le cas de la météorite
martienne, qui avait soulevé tant d'émotions à
l'été 1996 avec ses possibles fossiles de bactéries
martiennes. Depuis, cette théorie a été
jetée aux poubelles de l'histoire. Mais on pourrait rappeler
les sondes Viking, les pionnières qui, en 1976, ont mené
des expériences chimiques à partir de la poussière
martienne (la chauffer le sol, lui injecter de la nourriture,
de l'eau, pour voir si, dans cette soupe, quelques bactéries
endormies pourraient se "réveiller") et ont
abouti à des résultats négatifs.
Le service d'information de la revue Nature vient de
publier deux articles là-dessus. "Ca
commence à donner l'impression qu'il pourrait ne pas y
avoir d'aiguille dans la botte de foins." Les plus sceptiques
protestent carrément devant l'importance qu'accorde la
Nasa à ce volet de la recherche scientifique, au détriment
du reste du programme martien (comment cette planète a-t-elle
évolué, où est passée l'eau, son
histoire géologique peut-elle nous apprendre quelque chose
sur la nôtre, etc.).
Ils ont raison de protester, admet Philip Ball, le journaliste
qui rédige ces deux articles. Mais il faut en même
temps reconnaître que "les missions de la Nasa n'ont
jamais été purement scientifiques". Elles
sont aussi là pour vendre du rêve. Et le rêve,
ça coûte cher. La planète Vénus étant
d'emblée écartée avec ses lacs d'acide et
sa température de 400 degrés Celsius, Mars est
le seul choix qui nous reste, à la portée de nos
mains. S'il y a de la vie là-bas, des humains pourront
eux aussi y vivre un jour: c'est ça, le rêve.
La volonté de présenter Mars comme un habitat
intéressant était prépondérante en juin, lorsque la Nasa a organisé
un grand spectacle pour accompagner la présentation d'une
étude, parue dans Science, sur des traces présumées
d'eau qui aurait coulé récemment à la surface
("récent" voulant dire ici moins d'un million
d'années). L'un des chercheurs, Michael Malin, en était
sûrement conscient, lorsque, une fois ses résultats
expliqués aux journalistes, il a souligné à
grands traits qu'un "des aspects les plus intéressants
et significatifs de cette découverte, c'est ce que ça
pourrait vouloir dire si des explorateurs humains allaient sur
Mars": ils y trouveraient de l'eau à boire et de
l'hydrogène en quantité suffisante pour alimenter
leurs génératrices.
Pourtant, ce n'est pas tout le
monde qui croit que ces traînées aient été
faites par de l'eau. Une hypothèse tout aussi solide veut
qu'il s'agisse d'écoulements de dioxyde de carbone, d'ordinaire
présent sous forme gelée, dans les calottes polaires.
Il faut ajouter à cela le fait que même si des
bactéries subsistent aujourd'hui sur Mars, ou ont survécu
jusqu'à une date récente, c'est loin sous la surface
qu'il faudra les chercher: chose que ne pourront faire aucune
des sondes spatiales prévues
pour les prochaines années, mais que s'est bien gardée
de mentionner la Nasa.
Dans le cadre d'une nouvelle
étude publiée la semaine dernière dans Science,
des chercheurs ont reproduit en éprouvette les conditions
prévalant sur Mars, et croient pouvoir ainsi expliquer
pourquoi
il est impossible de trouver de la vie à la surface.
Le composé de base de leur mélange, qui explique
la couleur rouille du sol, est du superoxyde, ce que les experts
appellent un "radical libre", comme ceux qui sont impliqués
dans les dommages aux cellules humaines que causent les cigarettes,
les radiations ou le cancer. Par conséquent, "vous
ne vous attendez pas à ce que la vie existe sur la surface
de Mars, parce que la production de ces radicaux d'oxygène
détruirait les molécules organiques", résume
le géochimiste planétaire Albert Yen, du Jet Propulsion
Laboratory, rattaché à (eh oui) la Nasa. "Si
la vie existe sur Mars, il faut que ce soit dans un endroit où
ces composés chimiques n'existent pas." Par exemple,
loin sous la surface.
Il y a jadis eu de l'eau sur Mars, ça, c'est un fait
presque acquis. Mais si cette eau n'a existé que pendant
un bref laps de temps, il y a trois ou quatre milliards d'années,
il faut mettre à jamais une croix sur la possibilité
de trouver de la vie chez notre voisine...
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