En
temps normal,
neuf morts et
170 cas, ce
serait une épidémie
dont les médias
auraient à
peine parlé.
Après
tout, Ebola,
une maladie
par ailleurs
diablement terrifiante,
a fait davantage
de dégâts.
Mais Ebola est
cantonné
à une
petite poignée
de pays, tous
voisins les
uns des autres.
Le mystérieux
mal, lui, s'est
en quelques
jours éparpillé
dans plusieurs
pays séparés
par des milliers
de kilomètres.
Bienvenue au
village global.
L'Organisation
mondiale de
la santé
(OMS) a
fait surgir
le problème
dans l'actualité
occidentale
dimanche,
16 mars, en
confirmant que
deux décès
survenus il
y a quelques
semaines au
Canada, à
l'Hôpital
Mont Sinaï
de Toronto,
étaient
bel et bien
attribuables
à cette
mystérieuse
maladie. Il
s'agissait,
selon des rapports
non confirmés,
d'une mère
et de son enfant
de 30 ans rentrés
de Hong Kong.
Mais l'alerte
avait
en fait été
lancée
par l'OMS dès
le mercredi
précédent,
12 mars: une
alerte "globale",
par laquelle
les autorités
médicales
de tous les
pays avaient
été
prévenues
d'une "forme
hautement contagieuse"
de pneumonie
en Extrême-Orient.
Et là-bas,
on
en parlait depuis
le début
de la semaine,
depuis qu'avaient
commencé
à se
multiplier ces
cas à
Hong Kong: un
hôpital
de là-bas
avait
été
mis en quarantaine
dès mardi.
"Forme
hautement contagieuse
de pneumonie".
Ou, de son nom
désormais
officiel, syndrome
de détresse
respiratoire
aiguë (Severe
Acute Respiratory
Syndrome). C'est
à la
fois beaucoup
et très
peu. Beaucoup,
parce que cela
permet de savoir
qu'il s'agit
d'un virus,
et qu'il affecte
les voies respiratoires.
Peu, parce que
d'un point de
vue médical,
un tel nom signifie
qu'on ne sait
absolument rien
sur les caractéristiques
de ce virus,
et sur la façon
dont il se transmet.
Déjà,
les autorités
médicales
canadiennes
ont retracé
sept membres
de la famille
de la mère
et de l'enfant
qui ont eux
aussi été
contaminés,
et essaient
de retrouver
toute personne
qui aurait été
en contact avec
eux. Au Vietnam,
c'est une infirmière
qui est décédée
dimanche, et
pas moins de
40 "travailleurs
de la santé"
qui ont été
infectés,
ce qui ne rassure
pas le personnel
médical.
Vingt cas ont
été
signalés
à Singapour,
et on en était
dimanche à
plus de 50 à
Hong Kong. Des
cas non confirmés
ont été
signalés
à Taïwan,
en Indonésie
et aux Philippines.
Le cas allemand
est un médecin
qui avait traité
un patient à
Singapour. Un
autre cas a
été
confirmé
en Grande-Bretagne
lundi. Mais
en Chine, que
plusieurs présument
être le
foyer de l'épidémie,
les autorités
médicales
sont très
avares d'informations.
"Est-ce
que cela pourrait
être lié
à l'étrange
épidémie
de pneumonie
qui (le mois
dernier) a affecté
300 personnes
et en a tué
cinq à
Guangzhou?",
questionne le
Andrew Burd,
chirurgien de
Hong Kong, dans
une entrevue
accordée
vendredi à
la BBC.
C'est désormais
l'hypothèse
la plus probable,
au point où
on commençait,
lundi 17 mars,
à ajouter
ces 300 cas
au total général:
ce qui donnerait
désormais
470 personnes
infectées.
"Les
gens ne répondent
pas aux antibiotiques
ou aux antiviraux",
expliquait aux
journalistes
le porte-parole
de l'OMS, Dick
Thompson. En
revanche, le
ministère
de la Santé
de Hong Kong
annonçait
le 17 mars que
certains
des malades
réagissaient
favorablement
"à une
combinaison
d'antiviraux
et de stéroïdes".
En
fait, ce qui
a conduit l'OMS
à déclencher
cette alerte
mondiale -un
phénomène
rare, les alertes
de l'OMS étant
généralement
régionales
ou nationales-
c'est le fait
que le virus
se soit répandu
aussi vite,
ailleurs sur
la planète.
Au contraire
de la grippe
de Hong Kong
qui, il y a
cinq ans (voir
ce texte),
avait déclenché
une panique
irraisonnée
-parce que le
virus était
non seulement
bien identifié,
mais de surcroît,
bien cantonné
à la
région
de Hong Kong-
ce
microbe-ci semble
avoir une période
de sommeil de
plusieurs jours,
ce qui lui donne
le temps d'accompagner
une personne
chez elle, avant
de se répandre
vers les autres
membres de la
famille... ou
le personnel
médical.
Des
microbiologistes
du monde entier
sont en ce moment
même penchés
sur leurs microscopes,
occupés
à décoder
la cause de
ce mal. Aucune
trace de la
souche d'influenza
H5N1, responsable
de la grippe
de Hong Kong
d'il y a cinq
ans, n'a pour
l'instant été
détectée
dans les échantillons
prélevés
sur les malades,
ce qui conduit
ces experts
à croire
qu'ils ont affaire
à une
souche mutante
d'un virus déjà
connu.