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semaine du 23 mai 2005



Demi-clonage à la chaîne

Rapidité et efficacité. On ne parle pas d'une chaîne de montage, mais presque. Ce sont les qualificatifs qui ont été employés vendredi dernier pour décrire le clonage de cellules humaines. Le premier clonage en série.

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Ce qu'ils n'ont pas fait

1) Les chercheurs sud-coréens n'ont pas cloné un humain. Ils ont cloné des cellules.

2) Ces cellules n'ont pas dépassé l'âge de six jours et l'auraient-elles dépassé qu'on n'est même pas sûr qu'elles auraient été viables.

3) Ces cellules n'ont pas engendré de cellules-souches, but ultime de toutes ces recherches sur le clonage.

Ce qu'ils ont fait

1) Ils ont créé 11 amas de cellules -ils hésitent à utiliser le mot embryons, on verra plus loin pourquoi- qui sont les doubles génétiques, donc les clones, de patients malades ou décédés.

2) Ils ont réussi leur coup près d'une fois sur 20, alors que pour la seule et unique tentative réussie, l'an dernier, il leur avait fallu plus de 200 essais.

Comment l'ont-ils fait

Rien d'exceptionnel dans le processus puisque c'est le même que celui qui a conduit au clonage de la brebis Dolly en 1996, et à toutes les expériences réussies de clonage depuis ce temps: on prend un ovule, on le vide de son matériel génétique, que l'on remplace par le matériel génétique de la personne à cloner; l'ovule est ensuite stimulé chimiquement pour qu'il commence à se diviser (plutôt que d'être fécondé par un spermatozoïde, sans quoi on aurait un mélange des gènes de deux individus).

Au bout de six jours, l'ovule a atteint le stade dit du blastocyte, stade où on pourrait en théorie cueillir des cellules-souches pour s'en servir à notre guise. Ayant été stimulé chimiquement, plutôt que fécondé, personne ne peut dire si cet amas de cellules aurait pu devenir un embryon viable. C'est pourquoi les scientifiques préfèrent parler d'amas de cellules plutôt que d'embryon.

Ce qui est nouveau ici, "spectaculaire", suivant l'expression d'au moins un observateur, c'est le taux de réussite. L'an dernier, l'équipe dirigée par le vétérinaire Woo Suk Hwang et le gynécologue Shin Yong Moon, de l'Université nationale de Séoul, avait dû s'y reprendre plus de 200 fois avant de réussir un seul clonage de cellules.

La Grande-Bretagne suit la Corée

Peut-être parce que l'annonce est survenue 24 heures plus tard, les médias ont accordé beaucoup moins de place à ces chercheurs britanniques qui ont eux aussi annoncé, vendredi, avoir cloné des cellules humaines. Dans trois cas, ils auraient obtenu un amas de cellules -eux aussi hésitent à dire embryon- qui serait le clone des cellules de patients. Deux ont vécu pendant trois jours et un, pendant cinq jours.

L'expérience, réalisée à l'Université Newcastle et publiée dans le journal en ligne Reproductive and BioMedicine, a nécessité des ovules de 11 femmes, ce qui suggérerait un taux de succès au moins aussi élevé que celui de l'équipe sud-coréenne.

Et encore y avait-il eu des doutes sur la réussite de l'expérience: peut-être ne pouvait-elle réussir qu'avec des femmes; peut-être même ne pouvait-elle réussir qu'avec des ovules où on avait inséré le code génétique de la même personne (lire Demi-clonage).

A lire aussi

Qu'est-ce que le clonage thérapeutique?

Clonage: le blocage américain (16 mars 2004)

Sur l'annonce sud-coréenne de l'an dernier, lire Demi-clonage (16 février 2004)

Pourquoi l'ont-ils fait

Avec un taux de réussite de un sur 20 –ils ont perfectionné leur technique et surtout, ont ciblé des ovules de femmes plus jeunes– on peut envisager la possibilité d'engendrer des lignées de cellules-souches à partir du code génétique d'une personne précise. Le jour où on aura ces cellules-souches, ne restera plus qu'à découvrir la recette pour leur ordonner de se transformer en l'organe dont cette personne aura besoin -foie, poumon, rein, peau- ou même en un groupe précis de cellules -celles qui produisent de l'insuline, par exemple.

Autrement dit, on aurait atteint le stade où on pourrait cloner des organes ou des tissus sur mesure. C'est là le but de toutes ces recherches sur le clonage.

C'est évidemment un gros pas à franchir, peut-être plus gros encore que celui qui vient d'être franchi. Mais l'an dernier, après la percée des mêmes Sud-Coréens, et devant le taux d'échec énorme auquel ils faisaient face, les plus pessimistes disaient qu'il pourrait s'écouler deux décennies avant qu'on n'atteigne un taux de réussite de un sur 20.

Cloner un humain?

Le but de Hwang et de ses collègues n'est donc pas de cloner une personne, mais de cloner des cellules à partir desquelles leurs successeurs pourront éventuellement travailler. Mais leur percée pourrait-elle être utilisée pour cloner des humains? En théorie, oui. La même question avait été posée l'an dernier, et la réponse demeure la même: en théorie, oui. Jusqu'à preuve du contraire, chaque percée rapproche de cette possibilité, même s'il reste sûrement sur la route des obstacles dont personne n'a encore idée.

Auraient-ils pu faire cette expérience dans d'autres pays?

Oui, mais pas aux Etats-Unis, du moins pas dans des laboratoires financés par l'Etat. Uniquement dans des laboratoires financés par le privé. La revue Science, qui a publié la percée sud-coréenne de l'an dernier et celle-ci, avait dénoncé cet état de fait en éditorial, il y a un an (http://www.sciencepresse.qc.ca/archives/2004/cap1503045.html).

Pascal Lapointe

 

 

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