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semaine du 25 juillet 2005



Intimidation scientifique

Le débat sur le réchauffement planétaire se déplace au Congrès américain. Un élu "enviro-sceptique" exige l'ensemble des dossiers financiers de trois experts du réchauffement qu'il accuse d'être biaisés. A quand le tour des experts financés par Exxon?

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Sur la sellette, Michael Mann, Raymond Bradley et Malcom Hughes qui, à la fin des années 1990, ont contribué à ce qui reste, aujourd'hui encore, deux des études les plus significatives sur le réchauffement climatique: on y lisait que la décennie en train de s'achever était l'une des plus chaudes depuis un millénaire.

Le graphique accompagnant cette étude est devenu un symbole des environnementalistes: il est appelé le graphique "bâton de hockey", parce que les températures moyennes qu'il est censé décrire restent relativement stables pendant la majeure partie du millénaire, avant de grimper au cours du dernier siècle.

Depuis, ce graphique a été nuancé: on a par exemple souligné, en février dernier, que les températures avaient davantage fluctué au cours du dernier millénaire que ce que laissaient supposer les premiers chiffres. Mais l'idée générale demeure: la hausse des 50 dernières années est plus rapide que tout ce que l'humanité a connu depuis le Moyen âge.

Or, les nuances ne suffisent pas pour les enviro-sceptiques. Là où d'aucuns voient des nuances, eux voient une porte par laquelle s'engouffrer. Ce qu'ils recherchent, c'est désormais une culpabilité par association: si l'étude-bâton-de-hockey devait s'avérer viciée à la base, c'est toute la recherche sur le réchauffement planétaire qui serait viciée à la base, proclament-ils.

Et c'est dans cette perspective qu'à la fin-juin, le représentant républicain Joe Barton, qui est aussi président du Comité de la Chambre sur l'énergie et le commerce, a envoyé une lettre aux trois chercheurs mentionnés ci-haut. Il y demande des détails sur l'ensemble de leurs carrières, incluant:

A lire aussi:

Sur les manipulations de la science au profit des pétrolières (juin 2005)

Sur les protestations de la communauté scientifique face à ces manipulations (janvier 2004)

Sur le pseudo-journaliste Steven Milloy, bête noire des écologistes

Sur Michael Crichton, dont le roman a été accueilli à bras ouverts par les enviro-sceptiques

 

  • les CV détaillés
  • leurs sources de financement pour toute étude menée dans le passé sur le climat
  • les ententes à la base de toutes ces sources de financement
  • un répertoire des données archivées, incluant les calculs et les codes informatiques utilisés

Les demandes surviennent certes dans un contexte où la communauté scientifique elle-même admet qu'il lui faut se doter de normes plus strictes sur les conflits d'intérêt: dans le domaine médical en particulier, de plus en plus de revues, comme le New England Journal of Medicine, exigent que soient mentionnées les sources de financement des études publiées.

Mais ces nouvelles normes valent pour tout le monde. Ce qui n'est pas le cas du Comité du congrès: celui-ci ne semble pas intéressé à scruter avec la même attention l'implication de la multinationale pétrolière ExxonMobil: dans son édition de mai, le magazine américain Mother Jones révélait que celle-ci avait dépensé, entre 2000 et 2003, huit millions de dollars pour financer 40 "détracteurs" du réchauffement planétaire.

Ces groupes (de chercheurs, de commentateurs, et même un journaliste, Steven Milloy), "tentent d'ébranler le large consensus sur le réchauffement planétaire à travers une campagne de désinformation utilisant des "rapports" conçus pour avoir l'allure d'un contre-argument aux études révisées".

Des scientifiques ont réagi au ton agressif de la lettre du représentant républicain, la qualifiant de tentative d'intimidation. Thomas Crowley, de l'Université Duke, dont les modélisations climatiques appuient celles des trois chercheurs sur la sellette, se demande jusqu'où de telles exigences pourraient aller: "par exemple, il pourrait être demandé aux paléontologues et aux biologistes moléculaires appuyant l'évolution toutes leurs données et tous leurs fichiers", écrit-il dans le bulletin de l'Union géophysique américaine. L'Association américaine pour l'avancement des sciences (AAAS), le nouveau président de la National Academy of Sciences et quelques autres ont, plus tôt ce mois-ci, donné leur appui aux trois scientifiques visés.

A l'inverse, un des rares scientifiques à se mettre en valeur dans le clan des enviro-sceptiques, Myron Ebell, du Competitiveness Enterprise Institute, appuie le représentant Joe Barton: "nous avons toujours voulu mettre cette science en procès", se réjouit-il en entrevue à la BBC. Ce qu'il ne dit pas, et que révèle le dossier de Mother Jones, c'est que, des 40 groupes financés par ExxonMobil, le Competitiveness Enterprise Institute est celui qui a reçu la plus grosse somme (1 400 000$).

 

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