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semaine des 29 août et 5 septembre 2005



Echec de l'homéopathie en 5 questions

Or donc, une étude publiée dans une prestigieuse revue médicale conclut –une fois de plus– à l'inefficacité de l'homéopathie. Les défenseurs de l'homéopathie n'ont pas tardé à descendre cette étude en flammes, mais ont-ils des arguments solides? Regard sur ce débat ramené à cinq questions.

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1. Cette étude est-elle pilotée par l'industrie pharmaceutique?

Non. Le chercheur derrière cette étude, Matthias Egger, du département de médecine sociale et préventive à l'Université de Berne, en Suisse, était aussi, l'automne dernier, derrière l'étude faisant état des liens entre le Vioxx et les maladies cardio-vasculaires, étude qui a accéléré le retrait de ce médicament des pharmacies.

Qui plus est, toutes les grandes industries ont leurs lobbyistes, incluant l'industrie pharmaceutique... mais aussi l'industrie de l'homéopathie. Celle-ci génère des milliards de dollars de revenus chaque année et elle embauche elle aussi des lobbyistes très efficaces. Leur principale stratégie consiste non pas à démontrer les mérites de l'homéopathie, mais à dénigrer la pharmacologie.


2. Si l'industrie pharmaceutique et l'industrie homéopathique défendent chacun leurs intérêts, comment savoir qui a raison?

La seule et unique méthode valable, c'est la recherche de preuves statistiques permettant de répondre hors de tout doute à la question "Est-ce que ça marche?" Tout médicament qui se retrouve sur les tablettes des pharmacies doit être passé par une batterie de tests –sur des animaux et des humains– démontrant son efficacité (le processus n'est pas infaillible, comme le démontre justement le Vioxx, mais il a amplement démontré son utilité). En revanche, jamais un produit homéopathique n'a pu faire la preuve qu'il avait une efficacité supérieure à celle d'un placebo (une fausse pilule que le patient croit être vraie).


3. Pourquoi donc tant de gens prétendent-ils avoir été guéris par l'homéopathie?

Deux raisons peuvent l'expliquer: premièrement, l'effet placebo, c'est-à-dire cet impact positif, dûment mesuré par la recherche depuis des décennies, qu'a sur un patient un médicament, même un faux médicament. Deuxièmement, notre propre corps qui, avec son système immunitaire, dispose de très puissants mécanismes de défense contre la maladie, mécanismes qui sont encore loin d'avoir été pleinement élucidés.

À cela, les homéopathes rétorquent que des enfants de moins de deux ans et des animaux auraient été guéris, eux chez qui l'effet placebo ne joue certainement pas. Mais les recherches en question sont vagues et peu convaincantes. Et en absence de suivi médical, rien ne permet de confirmer si les enfants souffraient vraiment de ce dont on a dit qu'ils souffraient, si ce n'est pas leur système immunitaire qui était à l'oeuvre ni si, à long terme, ils ont vraiment été guéris. Le fait que l'industrie homéopathique elle-même n'ait jamais publié d'études sérieuses en double aveugle sur des milliers d'animaux, chose qui ne serait pas difficile à organiser, oblige à demeurer très sceptique.


4. L'étude de la semaine dernière est accusée de s'être appuyée sur des données incomplètes.

C'est un faux argument puisque, comme l'explique son chercheur principal, c'est "une étude d'études": son équipe a passé en revue 110 études majeures comparant divers produits homéopathiques avec des placebos, et 110 études comparant des médicaments avec des placebos. Dans les deux cas, pour des maux tels qu'allergies, asthme et problèmes musculaires. Il en résulte une très large perspective, de loin supérieure à ce qu'aurait procuré une seule étude portant sur un seul échantillon de patients.

Matthias Egger ne nie pas qu'il y ait des gens qui se sentent mieux après avoir pris leurs gélules. Mais les chiffres parlent d'eux-mêmes: "nous n'avons trouvé aucune différence entre les médecines homéopathiques et les placebos."

"Peut-être l'effet positif est-il dû, dans une perspective plus large, au fait de rencontrer quelqu'un qui s'intéresse à vous, qui écoute votre histoire pendant beaucoup plus longtemps que ce que ferait un médecin. Je ne suis pas surpris que des gens aillent mieux."

Une conclusion renforcée par un sévère éditorial publié dans la même édition de la revue britannique The Lancet, qui enjoint les médecins à dire la vérité à leurs patients.

La dernière ligne de défense des homéopathes, exprimée en fin de semaine dans le Globe and Mail par la naturopathe torontoise Ruth Anne Baron, c'est que l'homéopathie fonctionnerait en réalité lorsqu'on l'adapte à chaque patient, ce qui empêcherait d'en mesurer un impact global. Mais si tel est le cas, pourquoi cette immense variété de produits homéopathiques vendus en pharmacie sans prescription?


5. Est-il exact que l'homéopathie remonte à la nuit des temps?

Non. L'homéopathie est une théorie qui a été forgée de toutes pièces, sans études cliniques, par l'Allemand Samuel Hahnemann vers 1780. C'est à lui qu'on doit le principe de dilution, qui est la base même de l'homéopathie: ce principe dit que si vous prenez un produit X, et que vous en diluez un litre dans 100 litres d'eau, puis que vous prenez un litre du "mélange" ainsi obtenu et que vous le diluez dans 100 litres d'eau (deuxième dilution), puis que vous prenez un litre du nouveau mélange et que vous le diluez dans 100 litres d'eau (troisième dilution), et ainsi de suite jusqu'à la 7e ou 8e dilution, le produit X n'en sera que plus efficace.

A cette époque, la chimie était encore balbutiante et on ne connaissait à peu près rien des atomes et des molécules. L'arrêt de mort de l'homéopathie a été signé lorsqu'on est devenu capable de littéralement compter le nombre d'atomes du produit X dans un litre d'eau, constatant du coup que, après 7 ou 8 dilutions, 'il ne peut plus rester un seul atome du produit initial. L'homéopathie s'est dès lors retrouvée sans fondements.

Jusqu'à ce qu'au milieu du XXe siècle, soit popularisée une nouvelle théorie, celle de la mémoire de l'eau: l'eau garderait le souvenir des molécules avec lesquelles elle a été en contact. Ce fut une résurrection –même si cette théorie comporte, à sa face même, une faille majeure: toute goutte d'eau qui se retrouve au fond d'une bouteille est entrée en contact, au cours des derniers millions d'années, avec tous les composés chimiques possibles et imaginables que recèle notre planète. Pas juste le produit X qu'un homéopathe y a dilué.

Pascal Lapointe

 

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