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pas
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En manchettes sur le Net est
une production Agence Science-Presse
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Mettez un extra-terrestre dans votre ordinateur
L'écran s'anime, des graphiques apparaissent et disparaissent,
à la recherche d'un message venu des étoiles. Plusieurs savent
déjà qu'il ne s'agit pas là d'illuminés à
la recherche de petits hommes verts, mais d'une gigantesque expérience
collective, qui emprunte à l'image romantique des explorateurs du
18e siècle: des gens qui, avec peu de moyens financiers et de connaissances
scientifiques, partaient découvrir des contrées et des civilisations
inconnues.
Ces gens explorent les cieux à la recherche d'une vie extra-terrestre.
Et ce,
sans quitter leur maison.
La recherche de vie extra-terrestre passionne
de plus en plus les milieux scientifiques. Elle a reçu un solide
coup de pouce depuis trois ans, avec la controverse entourant une certaine
météorite martienne, et avec les nombreuses découvertes
de planètes extra solaires -autrement dit, des planètes tournant
autour d'étoiles autres que notre Soleil. La Nasa a même mis
sur pied un Institut d'astrobiologie.
Mais la recherche la plus connue, c'est celle de signaux radio: on suppose
que toutes les civilisations possédant la technologie nécessaire
émettront tôt ou tard des signaux, soit sous la forme d'émissions
de radio ou de télé comme les nôtres, soit sous la forme
de messages destinés à leurs "voisins". Le pionnier
de cette recherche fut l'astronome Frank Drake, en 1961.
Capter ces signaux, c'est la mission que s'est fixé le SETI (Search
for extra-terrestrial intelligence), dont l'auteur du roman Contact,
le regretté Carl Sagan, fut d'ailleurs
l'un des promoteurs. Mais le SETI a connu un
parcours tortueux depuis le début des années 90: le gouvernement
américain a mis fin, après un an, aux subventions; des donateurs
privés ont pris le relais; et l'explosion du réseau d'Internet
a donné naissance à une idée.
Cette idée,
émise en 1996, est somme toute assez simple: un appareil explorant
plusieurs millions de fréquences radio à la fois est placé
en tandem avec d'autres appareils sur le radiotélescope d'Arecibo
à PortoRico. Il lui faudra deux ans, jusqu'en 2001, pour parcourir
trois fois le ciel visible à Arecibo. Les signaux captés par
le radio-télescope -car le cosmos émet en permanence des signaux
radio tout à fait naturels- sont archivés sur bandes magnétiques
et envoyés à l'Université de Berkeley, en Californie,
où réside le projet SERENDIP, parapluie de seti@home. Et c'est
pour traiter l'immense quantité d'informations que cela représente,
qu'on utilise, depuis
le 17 mai, la puissance tout
aussi immense des ordinateurs personnels, lorsqu'ils sont au repos (c'est
le même principe qu'emploient les
mathématiciens à la recherche du plus grand nombre premier).
Puisque les signaux reçus ne dépendent pas les uns des autres,
il est en effet possible de les découper en tranches, puis de les
rassembler après analyse.
Les
gens du SETI ont donc élaboré un économiseur d'écran
qui, au lieu de simplement noircir votre écran lorsque celui-ci est
inactif depuis quelques minutes, analyse les signaux reçus par Arecibo.
Ce logiciel est gratuit. Une fois installé, il reçoit un fichier
de 250 kilobits à traiter, représentant 107 secondes d'écoute:
une mince bande de 10 kilohertz. En réalité, pendant ces 107
secondes, le radio-télescope a reçu des signaux sur une bande
de 2,5 Mhz, soit suffisamment de matériel pour occuper 250 économiseurs
d'écran!
La question-clef est évidemment de savoir si un message pourrait
effectivement survivre aux énormes distances qui séparent
les étoiles -et surtout, s'il pourrait se distinguer du bruit de
fond qui règne dans l'univers. Les chercheurs présument que
des extra-terrestres qui voudraient vraiment communiquer songeraient à
utiliser à la fois une puissance d'émission très forte,
et une fréquence très mince. C'est exactement le principe
utilisé par nos stations de radio: il y a beaucoup d'interférences
entre deux stations, mais une fois qu'on en a identifié une, le signal
devient clair et puissant. Le logiciel seti@home cherche donc "la bonne
station".
Les chercheurs derrière cette idée reconnaissent que les
chances de découvrir un tel signal sont bien minces. Ce qui n'empêche
pas que avant même le lancement du programme, plus
de 400 000 personnes provenant de 93 pays étaient prêtes
à partir à la chasse. A la mi-juin, 600 000 personnes dans
plus de 200 pays avaient téléchargé le logiciel.
Que diable pourrait faire le SETI si l'impensable se produisait? Ses
chercheurs procèderaient aussitôt à une seconde analyse.
Si le signal persiste, ils demanderaient du temps supplémentaire
de radio-télescope pour étudier plus avant le phénomène.
Enfin, des collaborateurs externes seraient appelés pour contre-vérifier
les résultats. Afin de s'assurer que tous les mécanismes de
détection fonctionnent de façon optimale, de faux signaux
ont été incorporés dans les fichiers envoyés
aux 600 000 "chercheurs".
Si, après toutes les analyses, il s'avère impossible d'expliquer
l'origine du signal, le tout est rendu public, après en avoir informé
le secrétaire général de l'ONU et les différentes
instances politiques.
Ne restera plus, ensuite, qu'à décoder ce message. Mais
ça, ce sera une autre histoire...
Recherche et rédaction: Frank Meunier
Site officiel du projet
Seti@home |