Semaine du 5 juillet 1999

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Mettez un extra-terrestre dans votre ordinateur


L'
écran s'anime, des graphiques apparaissent et disparaissent, à la recherche d'un message venu des étoiles. Plusieurs savent déjà qu'il ne s'agit pas là d'illuminés à la recherche de petits hommes verts, mais d'une gigantesque expérience collective, qui emprunte à l'image romantique des explorateurs du 18e siècle: des gens qui, avec peu de moyens financiers et de connaissances scientifiques, partaient découvrir des contrées et des civilisations inconnues.

 

Ces gens explorent les cieux à la recherche d'une vie extra-terrestre. Et ce, sans quitter leur maison.

La recherche de vie extra-terrestre passionne de plus en plus les milieux scientifiques. Elle a reçu un solide coup de pouce depuis trois ans, avec la controverse entourant une certaine météorite martienne, et avec les nombreuses découvertes de planètes extra solaires -autrement dit, des planètes tournant autour d'étoiles autres que notre Soleil. La Nasa a même mis sur pied un Institut d'astrobiologie.

Mais la recherche la plus connue, c'est celle de signaux radio: on suppose que toutes les civilisations possédant la technologie nécessaire émettront tôt ou tard des signaux, soit sous la forme d'émissions de radio ou de télé comme les nôtres, soit sous la forme de messages destinés à leurs "voisins". Le pionnier de cette recherche fut l'astronome Frank Drake, en 1961.

Capter ces signaux, c'est la mission que s'est fixé le SETI (Search for extra-terrestrial intelligence), dont l'auteur du roman Contact, le regretté Carl Sagan, fut d'ailleurs l'un des promoteurs. Mais le SETI a connu un parcours tortueux depuis le début des années 90: le gouvernement américain a mis fin, après un an, aux subventions; des donateurs privés ont pris le relais; et l'explosion du réseau d'Internet a donné naissance à une idée.

Cette idée, émise en 1996, est somme toute assez simple: un appareil explorant plusieurs millions de fréquences radio à la fois est placé en tandem avec d'autres appareils sur le radiotélescope d'Arecibo à PortoRico. Il lui faudra deux ans, jusqu'en 2001, pour parcourir trois fois le ciel visible à Arecibo. Les signaux captés par le radio-télescope -car le cosmos émet en permanence des signaux radio tout à fait naturels- sont archivés sur bandes magnétiques et envoyés à l'Université de Berkeley, en Californie, où réside le projet SERENDIP, parapluie de seti@home. Et c'est pour traiter l'immense quantité d'informations que cela représente, qu'on utilise, depuis le 17 mai, la puissance tout aussi immense des ordinateurs personnels, lorsqu'ils sont au repos (c'est le même principe qu'emploient les mathématiciens à la recherche du plus grand nombre premier). Puisque les signaux reçus ne dépendent pas les uns des autres, il est en effet possible de les découper en tranches, puis de les rassembler après analyse.

Les gens du SETI ont donc élaboré un économiseur d'écran qui, au lieu de simplement noircir votre écran lorsque celui-ci est inactif depuis quelques minutes, analyse les signaux reçus par Arecibo. Ce logiciel est gratuit. Une fois installé, il reçoit un fichier de 250 kilobits à traiter, représentant 107 secondes d'écoute: une mince bande de 10 kilohertz. En réalité, pendant ces 107 secondes, le radio-télescope a reçu des signaux sur une bande de 2,5 Mhz, soit suffisamment de matériel pour occuper 250 économiseurs d'écran!

La question-clef est évidemment de savoir si un message pourrait effectivement survivre aux énormes distances qui séparent les étoiles -et surtout, s'il pourrait se distinguer du bruit de fond qui règne dans l'univers. Les chercheurs présument que des extra-terrestres qui voudraient vraiment communiquer songeraient à utiliser à la fois une puissance d'émission très forte, et une fréquence très mince. C'est exactement le principe utilisé par nos stations de radio: il y a beaucoup d'interférences entre deux stations, mais une fois qu'on en a identifié une, le signal devient clair et puissant. Le logiciel seti@home cherche donc "la bonne station".

Les chercheurs derrière cette idée reconnaissent que les chances de découvrir un tel signal sont bien minces. Ce qui n'empêche pas que avant même le lancement du programme, plus de 400 000 personnes provenant de 93 pays étaient prêtes à partir à la chasse. A la mi-juin, 600 000 personnes dans plus de 200 pays avaient téléchargé le logiciel.

Que diable pourrait faire le SETI si l'impensable se produisait? Ses chercheurs procèderaient aussitôt à une seconde analyse. Si le signal persiste, ils demanderaient du temps supplémentaire de radio-télescope pour étudier plus avant le phénomène. Enfin, des collaborateurs externes seraient appelés pour contre-vérifier les résultats. Afin de s'assurer que tous les mécanismes de détection fonctionnent de façon optimale, de faux signaux ont été incorporés dans les fichiers envoyés aux 600 000 "chercheurs".

Si, après toutes les analyses, il s'avère impossible d'expliquer l'origine du signal, le tout est rendu public, après en avoir informé le secrétaire général de l'ONU et les différentes instances politiques.

Ne restera plus, ensuite, qu'à décoder ce message. Mais ça, ce sera une autre histoire...


Recherche et rédaction: Frank Meunier


Site officiel du projet Seti@home

 

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