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Heureusement, il n'y a pas que John Glenn...
Si on veut parler cosmos cette semaine, heureusement,
il n'y a pas que cet astronaute de 77 ans dont il soit possible de discuter.
Ce qui suit est au contraire beaucoup plus intéressant: d'un côté,
un système de propulsion dont rêvent les auteurs de science-fiction
depuis un demi-siècle, enfin mis sur orbite. De l'autre, des éclairs
de 3000 millions de watts et une lune qui agit comme une centrale électrique...
"Notre
planète n'a rien de tel", titre la BBC. Encore heureux:
des nuages d'ammoniaque, qui surmontent des nuages de vapeur d'eau de 50
kilomètres d'épaisseur, d'où frappent des éclairs
d'une puissance de 3000 millions de watts. Et tournant tout autour, une
lune chargée électriquement, qui agit comme une génératrice
cosmique!
Ce monde, c'est Jupiter, telles que le révèlent les toutes
dernières données de la sonde américaine Galileo, en
orbite autour de la planète géante depuis trois ans. Certaines
de ces données confirment ce que les experts savaient déjà:
il y a par exemple, sur Jupiter, des cyclones et des anti-cyclones en tous
points semblables aux nôtres... sauf que certains d'entre eux sont
plus grands que la Terre!
D'autres données ont la capacité d'émerveiller même
les plus blasés: ces orages électriques, qui ont lieu non
pas sur Jupiter, mais autour de Jupiter. Entre cette dernière et
sa lune la plus rapprochée, Io, passe en effet un courant électrique
dont la puissance dépasse celle de toutes les centrales électriques
de notre petite planète. Une puissance suffisante pour que, la nuit,
Io brille... comme une ampoule électrique! Le
jour, décrit le réseau ABC, "Io est d'un jaune blâfard
avec des touches de noir, d'orange et de blanc... Dans l'ombre de Jupiter
(elle tourne au) rouge, vert et bleu."
Cette luminosité, c'est l'équivalent de nos aurores boréales,
mais à une échelle des milliards de fois supérieure:
un phénomène créé par l'interaction entre des
particules chargées électriquement (venues du Soleil dans
notre cas, venues de Jupiter dans le cas d'Io), des champs magnétiques,
et la force de gravité, ce à quoi s'ajoute le soufre éjecté
par des volcans sur Io. Le tout crée cet effet "arbre de Noël",
pour reprendre l'expression d'un des scientifiques.
Lesquels scientifiques avaient d'autres nouvelles à annoncer,
dans l'édition du 22 octobre de la revue Nature
celles-là: on voyait depuis deux ans se confirmer de plus en plus
la présence d'eau sur une autre des lunes de Jupiter, Europe (plus
précisément, un océan qui serait caché sous
l'épaisse couche de glace recouvrant ce satellite). Or, voici que
de l'eau cachée sous la glace, il pourrait aussi y en avoir, surprise!,
sur
une 3e lune de Jupiter, dédaignée jusque-là: Callisto.
La meilleure explication aux données
recueillies par Galileo -fluctuations du champ magnétique de
Calllisto, hautes concentrations de sel- expliquent les auteurs dans Nature,
c'est un océan qui s'étend entre 10 et 20 kilomètres
sous la surface de glace. Et
s'il y a un océan, alors, tout comme sur Europe, il pourrait
y avoir de la vie là-bas.
Callisto est l'une des quatre grandes lunes de Jupiter -chacune d'une
taille comparable à notre propre Lune. Elles ont toutes quatre été
découvertes par Galilée il y a près de 400 ans.
La propulsion du XXIe siècle?
Peut-être la tâche d'y aller voir reviendra-t-elle, un jour
pas si lointain, à une sonde spatiale dotée d'un moteur ionique.
C'est en tout cas l'une des possibilités qu'ouvre le
lancement, samedi le 24 octobre, de Deep Space One, la première
sonde spatiale de l'histoire qui sera propulsée principalement par
un système imaginé en science-fiction depuis les années
40: le moteur ionique.
La raison d'être d'un moteur ionique? Il avait fallu à la
sonde Pathfinder, en 1996-97, huit mois pour atteindre la planète
Mars. Avec un moteur ionique, il ne lui aurait fallu que deux ou trois mois...
Le tout, peut-on lire dans un reportage de l'Agence Science-Presse publié
dimanche le 26 octobre, et dans l'édition du 3 novembre d'Hebdo-Science, s'appuie sur un principe
connu en physique depuis un siècle, l'ionisation, par lequel un atome
acquiert une charge électrique lorsqu'il perd un ou plusieurs électrons.
Le truc, pour faire fonctionner un moteur ionique, consiste donc à
provoquer cette ionisation, de façon à ce que les atomes soient
éjectés dans l'espace à très grande vitesse.
Avec chaque atome éjecté, la poussée du vaisseau augmente.
Mine de rien, c'est un virage majeur pour l'astronautique: parce que
presque tout ce qui a été conçu jusqu'ici, de la navette
spatiale jusqu'aux fusées V-2 des Allemands au cours de la 2e Guerre
mondiale, avait toujours volé grâce aux mêmes "moteurs
chimiques". Et la différence majeure entre le chimique et l'ionique,
c'est l'énergie dépensée: un moteur chimique nécessite
une très grande quantité de carburant, donc d'immenses réservoirs.
Avec un moteur ionique, on peut réduire considérablement la
taille du vaisseau -même un simple satellite de communication- et
ainsi ajouter de l'équipement scientifique, ou accroître sa
durée de vie.
Mais si le principe est connu depuis longtemps, son application avait
toujours été retardée: tant que les vaisseaux de la
Nasa restaient extrêment coûteux -comme Cassini, lancé
l'an dernier vers Saturne (manchette du 13 octobre
1997), et qui coûte un milliard$), un échec aurait été
un coup trop dur. Pour les 150 millions$ de Deep Space 1 -première
sonde du programme "Nouveau Millénaire"- c'est autre chose.
"Cette mission prendra des risques afin que les missions futures
n'aient pas à en prendre", commente sur toutes les tribunes,
depuis un mois, le directeur de la mission, Marc D. Rayman. Conséquence:
bien qu'elle ait "officiellement" pour mission d'aller photographier
un astéroïde en juillet 1999, DS1 est en réalité
une expérience technique, avant d'être une mission scientifique.
Elle doit aussi servir à tester une
douzaine d'autres nouvelles technologies, dont un système de
navigation autonome, permettant au vaisseau de se guider lui-même,
sans aide de la Terre.
48 heures après
son lancement, tout allait bien à bord. Le moteur ionique devrait
être testé pour la première fois dans environ 15 jours.
Le seul inconvénient d'un moteur ionique, c'est que l'accélération
-atome par atome!- est lente: deux jours et demi pour atteindre 100 kilomètres/heure!
Mais en mettant les choses au mieux -progrès technologiques, générateur
nucléaire à bord et voyage de très longue durée-
un vaisseau ionique pourrait atteindre jusqu'à 1% de la vitesse de
la lumière.
Ca ne met pas tout à fait les étoiles à notre portée
-400 ans pour atteindre la plus proche à cette vitesse!- mais ça
les met soudain beaucoup moins loin, puisqu'il faudrait actuellement 10
000 ans!
Tout de même plus intéressant qu'un vol de John Glenn, non?
Ailleurs sur le site de l'Agence Science-Presse:
De l'eau un peu partout dans le système
solaire (9 mars 1998)
Une vie extra-terrestre près de Jupiter?
(14 avril 1997)
Y a-t-il de la vie près de Jupiter
(20 janvier 1997)
La page "Europe"
Site officiel de la mission
Galileo
Site officiel de la mission Deep
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