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Lundi et mardi avait lieu le Sommet des Leaders du climat, tenu par le Climate Group depuis 2005 notamment lors des COP. Vous en aurez sans doute entendu parler suite à l’annonce du prix reçu par le Premier Ministre Charest pour son leadership en matière de lutte aux changements climatiques, mais qui, au Québec, connais le Climate Group, sa mission et ses activités? Le Climate Group, qu'ossa donne? Découvrez le monde des réseaux de normalisation sur le climat ici…

Fondée en 2004 par Tony Blair et la Fondation Rockefeller Brothers, The Climate Group est une organisation non gouvernementale qui travaille à la transition vers une économie faible en carbone. The Climate Group promeut l’action pour l’atténuation du changement climatique par divers moyens, dont les principaux sont l’adoption de mesures volontaires de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) par les firmes multinationales et l’adoption de politiques climatiques fortes par les États fédérés comme les provinces canadiennes et les États américains. Ainsi, les firmes multinationales et les États fédérés constituent les deux catégories de membership du Climate Group.

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Ce membership implique d’entériner La Déclaration de principes du Climate Group ainsi que sa mise en œuvre. On pourrait donc dire que le fait d’accepter cette déclaration et d’adhérer au Climate Group constitue une forme d’engagement volontaire non contraignante, engagement que l’on peut qualifier « d’autorégulation » et qui n’offre aucune garantie quant à son respect.

Une autre initiative du Climate Group est l’organisation du Sommet des leaders, auquel j’ai pu participer aujourd’hui. Officiellement, cet événement sert surtout à promouvoir l’adoption de mesures gouvernementales fortes sur le changement climatique et à évaluer le résultat des mesures adoptées par les gouvernements suite à leur engagement sous la Montreal Declaration of Federated States and Regions, qui fut élaboré lors du Premier Sommet des leaders en 2005. Une partie de ce sommet est fermé à la société civile et réservée aux chefs d’états sous-nationaux. L’autre partie, à laquelle j’ai eu accès, sert surtout de plateforme de promotion pour les initiatives. J’ai donc pu y entendre les gouvernements de Wales, d’Île de France, de Sao Paulo, du Québec, de l’Ontario, etc., ainsi que des entreprises comme Philips et Hewlett Packard, décrire les initiatives mises sur pieds pour lutter contre le changement climatique, souvent en les situant dans une stratégie plus large de développement durable ou de responsabilité sociale. Ce genre de rencontre permet de partager les expériences en matières de lutte au changement climatique et peut-être aussi d’améliorer certaines politiques. Cela a son importance parce qu’une partie substantielle des efforts d’atténuation du changement reposeront inévitablement sur les gouvernements locaux et sous nationaux, avec ou sans accord internationaux.

Le travail du Climate Group pourrait aussi avoir un important impact dans la structuration du marché volontaire du carbone, considéré par celui-ci comme un moyen efficace et économique de réduire les émissions de GES. Le marché volontaire du carbone offre des options aux entreprises pour compenser leurs émissions de gaz à effet de serre en subventionnant des projets qui permettent de réduire les émissions de carbone dans les pays en développement, ou encore en faisant l’acquisition de « crédit de carbone » sur les marchés climatiques. Pour ce faire, il faut évidemment des normes strictes encadrant les types de projets acceptables, les méthodes de comptabilité des réductions d’émissions et la vérification par des organisations externes. C’est pourquoi le Climate Group a mis sur pied le Voluntary Carbon Initiative, une norme qui donne droit à des Voluntary Carbon Units échangeables sur le marché volontaire du carbone. De plus, afin de promouvoir l’intégration des bonnes pratiques dans les politiques gouvernementales encadrant la mise sur pied de bourses du carbone, le Climate Group fournit des guides généraux, dont le Offset Quality Initiative.

On peut légitimement se demander à quel point les réseaux comme le Climate Group ont réellement leur utilité dans la lutte au changement climatique. Attribuer un prix pour le leadership à un Premier Ministre qui s’apprête à donner le feu vert à l’exploitation des gaz de schiste à l’encontre de la volonté générale est sans doute un peu tordu. Mais en dehors des enjeux politiques, et malgré les critiques que s’attirent ces initiatives dans la société civile en générale, il faut aussi comprendre que les réseaux comme le Climate Group (ex : le Western Climate Initiative, le nouveau R20 Compact du Gouverneur Schwarzenegger, etc.) participent activement à la construction d’une infrastructure globale à la fois privée et publique pour lutter contre le changement climatique. Élément important : ces réseaux et leurs normes ont la faveur de la plupart des corporations multinationales qui y voient notamment une manière « d’exprimer » leur responsabilité sociale. Et dans le contexte d’incertitude concernant l’engagement mondial pour lutter contre le changement climatique, peut-être faut-il être prudent avant de condamner pour de bon le marché volontaire du carbone.

Ce billet est publié simultanément sur ce blogue et sur le blogue de l'AQLPA (www.blogueaqlpa.com)

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- Mon premier billet: Ma mission à la COP16 de Cancun

- Mon deuxième billet: Le Japon, le Groupe parapluie et la lutte contre le Protocole de Kyoto

- Mon troisième billet: Le Dialogue de Carthagène : vers une coalition des bonnes volontés?

- Mon quatrième billet: COP16: Orage à l'horizon

- Mon cinquième billet: Optimisme partagé mais modéré pour semaine 2 de la COP16

- Mon septième billet: L’état des négociations au crépuscule de la COP16

- Mon huitième billet: Cancun et la rédemption du multilatéralisme

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