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Une avenue sous-estimée pour combattre la désinformation? Payer les gens pour qu’ils vérifient les faussetés, à en croire une simulation menée en ligne par des chercheurs européens. Toutefois, la question de savoir qui paierait reste entière… 

Le contexte derrière cette expérience est qu’au fil des années, certains réseaux sociaux ont expérimenté, ou expérimentent encore, des méthodes par lesquelles leurs usagers sont encouragés à vérifier des informations douteuses. La plus connue de ces initiatives: les « notes de la communauté » de X (anciennement Twitter), qui prennent la forme d’avertissements « attachés » à un message, lorsque des usagers —qui ont été approuvés par la plateforme— ont démontré, sources à l’appui, que le message était faux ou trompeur. 

Mais la grosse faiblesse de ces « évaluations » a toujours été qu’elles reposent sur la bonne volonté d’une minorité d’usagers. Dès lors, comment « motiver » ceux-ci? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre cinq chercheurs de France, d’Allemagne et d’Italie, à partir d’une expérience pour laquelle ils ont recruté 4000 participants britanniques dans une « simulation d’environnement de réseau social » s’apparentant à Facebook. 

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L’objectif qu’on leur donnait était de vérifier si des messages étaient « scientifiquement valides » ou non.

Résultat, écrivent ces chercheurs dans leur article paru le 25 janvier dans Misinformation Review, rendre les participants simplement conscients que leurs évaluations seraient utilisées par d’autres participants, « n’avait aucun effet » sur leur performance —c’est-à-dire leur production de vérifications qui soient factuellement exactes. Par contre, présenter aux participants les « performances » des participants précédents augmentait leur capacité à distinguer le vrai du faux parmi les nouvelles qui leur étaient présentées. 

Mais ce qui avait le plus gros impact, c’était l’argent. Les participants étaient plus nombreux à effectuer une recherche pour vérifier la validité de l’information lorsqu’il y avait une récompense monétaire à la clef. Et ça avait même un impact sur la qualité de leurs vérifications. 

La même équipe de chercheurs avait déjà mis le doigt sur cette « motivation » dans une recherche parue en 2022: ils avaient alors constaté que la tendance des simples usagers à effectuer ce que les experts appellent une « recherche latérale », c’est-à-dire à sortir d’un site pour aller valider l’information ailleurs, augmentait lorsqu’il y avait une récompense monétaire. La « recherche latérale » représente une bonne méthode lorsque l’enjeu est, par exemple, de vérifier la crédibilité d’un site ou d’un auteur: c’est la méthode suivie entre autres par les journalistes, mais elle est souvent négligée par les autres usagers, parce qu’elle demande davantage d’efforts qu'un simple survol du site original.

Les cinq chercheurs reconnaissent toutefois une grosse limite à leur expérience: dans le contexte de la lutte à la désinformation, si on choisissait de donner de l’argent, qui paierait? Les incitatifs monétaires « sont moins ajustables que les incitatifs non-monétaires parce que leurs coûts augmentent de façon linéaire à mesure qu’augmente le nombre d’usagers ». Ce qui n’a pas de quoi « motiver » énormément les compagnies qui sont derrière les réseaux sociaux. À supposer qu’elles avaient envie de tenter l’expérience… 

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