
« Je suis effrayé par les automatismes qu’il est possible de créer à son insu dans le système nerveux d’un enfant. Il lui faudra dans sa vie d’adulte une chance exceptionnelle pour s’évader de cette prison, s’il y parvient jamais. »
– Henri Laborit
Il y a près de dix ans, c’est lorsque je lui avais lu cette citation de Laborit que mon éditeur avait eu le goût de faire un livre où sa pensée serait mise en avant. Ça a donné « Notre cerveau à tous les niveaux. Du Big Bang à la conscience sociale », publié l’automne dernier chez Écosociété. Aujourd’hui, je reproduis plus bas un billet que j’ai écrit la semaine dernière sur le site web Éloge de la suite que j’ai créé en 2014 et qui est vite devenu le site de référence le plus complet sur la vie et l’œuvre de Laborit. Je vous laisse découvrir pourquoi cette publication mérite selon moi d’être reproduite ici, tant pour son lien avec mon bouquin qu’avec ce site et ce blogue qui font aussi la part belle à des concepts laboritiens, comme l’inhibition de l’action, les nombreux niveaux d’organisation qui nous constituent, la fuite ou les systèmes complexes, tant biologiques que sociaux. Je vous mentionne aussi en terminant que le pdf de la présentation Power Point que j’ai présenté lors de la 2e rencontre du club de lecture de mon livre mardi dernier a été ajoutée sur le site de l’UPop Montréal, s’il y en a qui voudraient lire ou revivre cette soirée où l’on est passé des étoiles à la vie et à nos vies. Un parcours qu’a d’ailleurs souvent fait Laborit dans plusieurs de ses ouvrages (Du soleil à l’homme (1963), L’homme et la ville (1971), Copernic n’y a pas changé grand-chose (1980), Dieu ne joue pas aux dés (1987), etc.
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Le 18 mai 1995, Henri Laborit nous quittait à l’âge de 80 ans. Trente ans plus tard, jour pour jour, un événement d’une journée complète sera consacré à la vie et la pensée d’Henri Laborit ! Les activités auront lieu dimanche le 18 mai dans le petit village de Lurs, en Haute Provence, où les Laborit avaient leur maison. L’événement revêt même un caractère international puisque deux jours avant, le vendredi 16 mai, on soulignera aussi le 30e de son décès au Québec ! C’est donc avec un grand bonheur que j’annonce cette initiative du médecin français Thomas Levaillant, en diffusant sur Éloge de la suite la programmation de ce double événement. D’autant plus qu’il permet entre autres la rediffusion, dans les deux pays, de mon film « Sur les traces d’Henri Laborit » (2016). Et offre une fenêtre de visibilité non négligeable à mon livre « Notre cerveau à tous les niveaux. Du Big Bang à la conscience sociale » (Écosociété, 2024) où l’influence de Laborit se fait sentir un peu partout dans le bouquin.
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Voici donc un aperçu sommaire de la journée du 18 mai 2025 à Lurs, dans le sud de la France, tel que Thomas me l’a communiqué il y a quelques jours :
« – Le matin : balade littéraire autour de l’œuvre de Laborit. J’ai proposé de faire des lectures de quelques extraits de ses livres, pour illustrer les grands thèmes qui traversent son œuvre (organisation et niveau de structure, biologie et comportements, déterminisme, libre arbitre, créativité et imagination, domination et agressivité…), mais cette partie n’est pas encore tout à faire réglée. Il y aura ensuite un pique-nique partagé.
– L’après-midi : projection du documentaire « Sur les traces d’Henri Laborit » (2016), de Bruno Dubuc. Thomas Levaillant fera une petite introduction sur la vie et l’œuvre de Laborit, puis il y aura la projection, et par la suite un échange et quelques témoignages des personnes du village qui l’ont connu. On essaie aussi de récupérer quelques-unes de ses peintures pour les exposer dans la salle le jour de la projection.
– Le soir : projection de du long métrage d’Alain Resnais « Mon oncle d’Amérique » (1980) inspiré des travaux de Laborit, suivi d’une discussion pour les plus motivés qui resteront jusqu’au bout.
L’après-midi et le soir, il y aura aussi le stand d’une librairie qui viendra avec quelques livres de Laborit et sur le cerveau, ainsi que quelques exemplaires de « Notre cerveau à tous les niveaux. Du Big Bang à la conscience sociale » (2024). »
Quant à l’événement du 16 mai 2025 au Québec, il s’agit également de la projection de mon film « Sur les traces d’Henri Laborit » qui aura lieu à 20h30 dans le cadre des Projections Libérantes à la Casa Obscura, au 4381 rue Papineau (coin Marianne) à Montréal. Je serai là pour présenter le film et discuter avec vous après la projection. J’apporterai aussi les 13 panneaux sur la vie et l’œuvre de Laborit que j’avais reproduit pour la première de mon film le 13 février 2016 à Montréal.
On peut presque dire aussi que le volet québécois de cet événement aura une sorte de préambule les 5 et 6 mai prochain lors du 92e congrès de l’Acfas (anciennement Association canadienne-française pour l’avancement des sciences). On y tiendra en effet un colloque de deux jours intitulé « Arts et éducation. Enjeux épistémologiques de l’énaction » où, l’après-midi du 6 mai, un hommage sera rendu à Hélène Trocmé-Fabre à travers plusieurs présentations sur ses conceptions du vivant et de l’énaction. Cet hommage fait suite au décès d’Hélène il y a quelques semaines, et le lien avec Laborit est qu’elle l’avait bien connu, comme elle en témoigne dans mon film lorsque je l’avais rencontrée en 2012. Et comme elle fut aussi co-traductrice de « L’arbre de la connaissance » de Francisco Varela, elle avait cette connaissance intime de la philosophie de ces deux personnages dont l’unique rencontre constitue un peu l’intrigue de mon film.
À noter que l’entrée à l’Acfas n’est malheureusement pas gratuite, contrairement aux deux autres événements sur Laborit qui eux le sont, tant la journée à Lurs le 18 mai que la projection à Montréal le 16 mai. J’aurai évidemment aussi des exemplaires de mon livre à vendre lors de cette soirée à la Casa Obscura puisque j’y ai intégré plusieurs idées de Laborit qui n’ont pas pris une ride (niveaux d’organisations pour comprendre le vivant, nécessité d’une véritable transdisciplinarité, effets néfastes de l’inhibition de l’action sur la santé physique et mentale, appel à l’imagination en particulier au niveau social, etc.).
Laborit n’aurait sans doute pas renié une reconnaissance comme celle qu’on s’apprête à lui rendre (sa lucidité lui interdisant toute fausse modestie!), mais il aurait sans doute apprécié plus que tout que ce soit le fruit de ses cortex associatifs dont on fera l’éloge de la suite…