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Janvier est le mois des résolutions. Pour plusieurs, il s'agit de revoir leurs habitudes alimentaires. Cette semaine, nous vous invitons à voir comment la génétique pourrait venir changer notre façon de prendre des résolutions touchant notre alimentation.
Est-ce que nos gènes influencent la façon dont les nutriments agissent sur notre corps? C'est à cette question que tente de répondre une nouvelle branche de la nutrition, la nutrigénomique. La nutrition, comme science, a recherché à doter les populations de recommandations diététiques pour améliorer la santé publique. Elle fournit également des recommandations personnalisées pour répondre aux besoins spécifiques de certains patients, en lien avec leur état de santé.
Qu'est-ce qui distingue la nutrigénomique des ces approches? Comme son nom l'indique, la nutrigénomique allie les sciences de la nutrition à la génomique. La recherche en nutrigénomique vise à développer des conseils nutritionnels adaptés aux profils génétiques des individus. Ces recommandations auront pour but de prévenir des maladies ou des complications à propos desquelles on aura testé une prédisposition chez un individu. Ainsi, à un résultat génétique, on assortira une recommandation diététique, par exemple limiter sa consommation de tel type de gras ou augmenter sa consommation d'aliments riches en certaines vitamines.
La nutrigénomique est encore une science très jeune et la recherche dans ce domaine est en pleine effervescence. Plusieurs compagnies de biotechnologies effectuent des recherches afin de développer des services de tests génétiques assortis de recommandations personnalisées. D'autres cherchent à développer des produits (aliments fonctionnels, fortifiés ou modifiés) qui pourront être prescrits à titre préventif, toujours selon le profil génétique. Toutefois, plusieurs experts pensent qu'il est trop tôt pour que le «conseil nutrigénomique» soit un service de santé offert à la population. On doit s'assurer que les tests et les recommandations sont appropriés, efficaces et sans danger, ce qui demande plus de recherches et de temps. Certains croient qu'il faudra jusqu'à 30 ans avant de voir la nutrigénomique mise en pratique par les diététiciens ou autres professionnels de la santé.
Le secteur privé n'est pas le seul à s'intéresser à la nutrigénomique. Des chercheurs universitaires se regroupent à travers le monde en consortia (des réseaux de réseaux) de recherche afin de faire de la nutrigénomique une discipline scientifique solide. L'application des résultats en santé publique est un défi de taille.
Les maladies pour lesquelles la nutrigénomique est particulièrement pertinente, comme le diabète, les maladies cardiovasculaires et le cancer, sont des maladies multifactorielles. Ces maladies peuvent être causées par divers facteurs, tant génétiques qu'environnementaux (habitudes alimentaires, sédentarité, stress, tabagisme…). Les comportements de prévention en nutrigénomique devront être adoptés par les individus tout au long de la vie, mais se plier aux recommandations ne garantira pas qu'on échappera à une maladie en particulier… ou à une autre! La nutrition personnalisée pourra cependant contribuer à une meilleure qualité de vie et à plus de bien-être au cours d'une vie qui sera peut-être plus longue.
Les experts nous mettent en garde contre une surenchère en ce qui concerne les promesses de la nutrigénomique. Sera-t-il possible de vérifier scientifiquement le lien entre l'alimentation et la génétique pour l'amélioration de la santé des personnes? Est-ce que les aliments spécialisés seront un jour prescrits au même titre que des médicaments ou seront-ils plutôt dans la catégorie suppléments alimentaires?
Quels seront les impacts de la nutrigénomique sur la société et son rapport à la nourriture? Est-ce que les façons traditionnelles de cuisiner deviendront synonymes de mauvaise hygiène de vie? Devra-t-on renoncer à la tourtière ou au foie gras? À moins que la question soit plutôt : à qui d'entre nous recommandera-t-on d'y renoncer?
Quelques liens pour plus d'informations :
La nutrigénomique, c'est aussi l'étude des interactions gène-environnement, l'environnement étant l'alimentation ou les nutriments dans ce cas-ci. Pour en savoir plus, lisez l'édition du 6 décembre 2005 Quand l'environnement se mêle de génétique
Consortia de recherche
The European Nutrigenomics Organisation
Netherlands Genomics Initiative, Nutrigenomics Consortium
Universités
NCMHD Center of Excellence for Nutritional Genomics
Information/publicité
My DNA, Genetics Center, Nutrigenomics
Moodfoods, un site où on réfléchit sur l'alimentation : a rticle sur la nutrigénomique
Définition du néologisme par un auteur, le point sur l'utilisation du mot «nutrigénomique»
Lise Lévesque
Isabelle Ganache
Marianne Dion-Labrie
Céline Durand
Hubert Doucet
Béatrice Godard