Le hasard aurait une plus grande part dans le résultat d’une partie de poker que l’habileté du joueur. Bien que ce dernier pense plutôt que son adresse au jeu influence la partie en sa faveur et que les mauvaises cartes le font perdre.

« On entend dire que plus on s’améliore, plus on gagne gros. C’est plutôt quand l’on est favorisé par le hasard que l’on gagne », soutient pourtant Serge Sévigny, de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Le chercheur s’appuie sur les résultats d’une étude qu’il a menée avec le chercheur Robert Ladouceur de l’École de psychologie. Elle était présentée début juin au colloque Les multiples facettes du jeu du Centre québécois d'excellence pour la prévention et le traitement du jeu.

Les jeux de hasard en ligne gagnent en popularité, principalement le poker. « La télévision nous montre des champions qui remportent des millions. C’est devenu tellement populaire que les États-Unis commencent à légiférer les jeux en ligne », souligne le chercheur. Serge Sévigny évalue que 4% de nos voisins jouent par Internet, soit près de 12 millions d’américains !

Et les sites francophones se multiplient : PokerStars, PrincePoker, NoblePoker et même DrummondPoker ! De nombreuses tables virtuelles vous proposent de passer quatre ou cinq heures à remporter des sommes alléchantes. Sans vous déplacer.

Quinte, brelan ou paire

Loin des salles enfumées des casinos, 80 joueurs de poker chevronnés étaient conviés à venir se mesurer les uns aux autres sur les ordinateurs de l’université Laval. Au total, dix tournois de huit joueurs se sont animés les lundis soirs.

Isolés chacun dans un bureau, ces « as des as » ne pouvaient ni se voir ni se parler. « Nous voulions voir si l’habileté des joueurs influençait leur score », explique le chercheur. Pour cela, l’ordinateur a rejoué la même partie dix fois. Il a distribué les mêmes cartes aux mêmes positions, tandis que les joueurs se succédaient.

Résultat, peu importe le joueur, les positions 2, 3 et 7 étaient gagnantes dans 77% des cas. Et le joueur de la position 7 – celle aux meilleures cartes ! – figurait cinq fois sur dix dans les trois premiers. « On gagne lorsqu’on a de bonnes cartes en main. Ce n’est pas une question d’habileté », sanctionne Serge Sévigny.

Le chercheur convient qu’il est difficile de définir l’habileté d’un joueur. « Si je gagne, est-ce par ce que je suis habile ou que l’autre ne l’est pas ? », relève le chercheur. Plus agressif, plus expérimenté, moins impulsif… le bon joueur s’avère capable de mettre ses connaissances en pratique et surtout de faire peu d’erreurs.

Les joueurs débutants – appelés « pigeons » à la table de poker – représentent une vraie bénédiction pour les joueurs expérimentés. Actuellement, la publicité pour les tournois en ligne connaît une recrudescence. Recrutés pour alimenter les tournois de poker en argent frais, les novices doivent veiller à leur budget pour ne pas perdre trop d’argent, pense le chercheur.

Car, même si le hasard a plus d’importance qu’on le croit, les gagnants restent ceux qui ont en main de bonnes cartes et qui savent les abattre.

(1)Comportements de jeu et de jeu pathologique suivant le type de jeu au Québec en 2002, par Robert Ladouceur, Jacques Christian, Serge Chevalier, Serge Sévigny, Denis Hamel et Denis Allard, février 2004:

Je donne