C’est un nouveau record d’endurance pour la vie : des microbes ont été localisés à 1,6 kilomètre sous le plancher de la mer, là où la lumière ne pénètre jamais et où la température approche les 100 degrés Celsius.

Cela « bat » le précédent record de plus de 840 mètres et déjà, d’autres chercheurs sont convaincus de trouver de la vie jusqu’à 5 kilomètres de profondeur. En fait, les plus optimistes croient que jusqu’aux deux tiers de la vie microbienne pourrait se trouver en-dessous du plancher des océans... ce qui en dit long sur ce qui reste à découvrir!

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Il n’y a pas que l’absence de lumière et la température qui rendent la survie difficile là-dessous. Plus on descend, plus la pression devient énorme. Plus on descend, plus les roches sont vieilles, donc ont été « lessivées », au fil des millions d’années, de leur matériel organique. Sans matériel organique, sans lumière, avec une pareille pression, comment donc ces microbes ont-ils pu survivre depuis —selon ce qu’on peut lire dans la revue Science— 111 millions d’années?

Ce qu’on sait, c’est qu’ils ont été extraits d’une roche —leur maison depuis 111 millions d’années?— faisant partie d’un forage réalisé au voisinage de Terre-Neuve par le navire JOIDES Resolution . Jadis utilisé pour des forages pétroliers, ce navire a été converti il y a 20 ans en navire d’exploration des fonds océaniques; on lui doit des milliers de forages à travers le monde, qui ont permis d’en apprendre davantage sur le processus de sédimentation, les courants océaniques, et bien sûr la géologie.

Les chercheurs britanniques et français ont pu extraire l’ADN de ces microbes, ce qui a permis de déterminer qu’il s’agit non pas d’une espèce mais de plusieurs, pas inconnues puisqu’elles font partie d’une famille appelée Pyrococcus, déjà localisée dans les profondeurs... surtout là où il fait très chaud!

Ils peuvent métaboliser du méthane pour l’énergie, disent les chercheurs, mais où trouvent-ils leur nourriture? Le mystère reste entier. Sinon qu’à ces profondeurs, et pour avoir survécu aussi longtemps, on se doute qu’ils doivent être très frugaux.

Prochaine étape pour les chercheurs : indubitablement, aller voir plus profondément encore. Quelle serait donc la limite de la vie? Peut-être la température. Même les plus optimistes voient mal comment la vie pourrait survivre à plus de 120 degrés Celsius. Or, avec chaque kilomètre sous la surface, la température est plus élevée de 20 degrés. D’où les 5 kilomètres de profondeur que trace comme limite Steven D’Hondt, océanographe à l’Université du Rhode Island. L’avenir dira s’il a raison.

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