Le Tour de France cycliste amorce sa seconde semaine et déjà les experts sportifs et les admirateurs s’interrogent sur la propreté du futur maillot jaune. Iban Mayo, Christian Moreni, Patrik Sinkewitz, Alexandre Vinokourov... les coureurs dopés de la dernière édition ont laissé un goût amer aux amoureux de la Petite reine.

« Le cyclisme a payé assez cher le dopage. C’est pourquoi les instances sportives internationales ont décidé de s’en occuper en adoptant le passeport biologique », affirme le Dr Pierre W. Blanchard, actuel président de la Fédération québécoise des sports cyclistes et membre international de la lutte anti-dopage de l’Union Cycliste Internationale (UCI).

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Grande nouveauté du contrôle antidopage, le passeport biologique adopté début 2008, s’inspire des techniques de médecine légale. Il contient les profils hématologique et stéroïdien de l’athlète, et tous les résultats des contrôles urinaires et sanguins impromptus.

Déjà, l’UCI avait adopté en 1999 le suivi médical longitudinal contrôlé. Il s’agissait en fait d’une visite médicale annuelle avec examen cardiologique, une analyse sanguine trimestrielle, un bilan biologique (testostérone, cortisol, etc.) et un carnet de santé.

Mais depuis 10 ans et l’affaire Festina (1), le Cyclisme n’a jamais été aussi éclaboussé. Le passeport biologique arrivera-t-il à en nettoyer la route?

Prendre le dopage à revers

Plutôt que de tenter de retracer LA substance, ce nouvel arsenal de l’antidopage vise plutôt les signes indirects de la prise des très nombreuses substances et méthodes interdites (voir le texte suivant : « Substances interdites »). Surtout que les laboratoires ont de la difficulté à retracer certaines substances, dont la Dynepo, une hormone recombinante issue du génie génétique.

« Il faut pouvoir comparer l’athlète à lui-même et établir un profil considéré comme “normal” pour le sportif », affirme le Dr Blanchard. Son profil hématologique va fournir par exemple l’hématocrite - le volume occupé par les globules rouges dans le sang. C’est une donnée propre à chaque sportif.

L’UCI fixe une limite de 50 % pour un homme et 47 % pour une femme. « Ce que l’on va regarder, ce sont les variations. Si le sportif possède un taux de 43 % et qu’il monte à 47 %, même s’il reste sous la limite, c’est louche », dit le spécialiste antidopage.

Dans ce cas, le premier suspect est l’érythropoïétine, mieux connue sous l’acronyme d’EPO. Cette hormone artificielle stimule la production de globules rouges pour améliorer la respiration et la production d’énergie. Au Québec, la cycliste Geneviève Jeanson a avoué l’an dernier avoir pris de l’EPO tout au long de sa carrière de sportive.

Drogués de performance Le Kasakh Andreï Kashechkin en 2007, l’Américain Floyd Landis en 2006, l’Espagnol Patxi Vila, l’Italien Alessandro Petacchi, l’Allemand Joerg Jaksche, la liste des drogués s’allonge de course en course.

Tous les cyclistes d’équipes professionnelles de compétition (UCI ProTeam) devront dorénavant posséder leur passeport biologique. Et même en l’absence de preuves directes, les sanctions seront prises contre les tricheurs.

Mais Raynald Gareau du Laboratoire de recherche en hématologie de l’Université du Québec à Trois-Rivières pense qu’il ne faut pas se leurrer. « Bannir le dopage reste une utopie. Nous sommes toujours en retard sur les gens qui dopent les athlètes. Il faut plutôt viser la santé des sportifs », soutient le chercheur. C’est le seul côté de la médaille à valoriser auprès des jeunes athlètes.

(1) http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Festina et http://www.dopage.com/index.php?id=0101_listing&idrub=69&iddossier=6

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