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Troublants parallèles. La semaine même où les États-Unis annonçaient le premier parc éolien en mer de toute l’Amérique du Nord, ils faisaient face à ce qui pourrait devenir le plus gros déversement pétrolier en mer de toute l’histoire de l’Amérique du Nord. Les symboles mêmes de l’énergie propre et de l’énergie sale, en pleine collision frontale.

Le projet de parc éolien offshore dont le Secrétaire au Trésor du gouvernement Obama semblait bien fier d’annoncer l’approbation mercredi, sera pourtant modeste à côté de certains parcs similaires qui ont fleuri depuis des décennies au large des côtes du Danemark, puis ailleurs en Europe. Mais il s’agit d’une « victoire pour l’énergie propre », ont proclamé les écologistes.

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Lesquels n’ont toutefois pas eu le temps de se réjouir puisque, le même jour, la marée noire du Golfe du Mexique prenait des proportions cinq fois plus grandes que prévu. Le lendemain, jeudi soir, ses extrémités commençaient à « lécher » la terre ferme, faisant craindre le pire pour les 25 millions d’oiseaux migrateurs qui ont la mauvaise idée d’y transiter... juste à ce moment-ci de l’année.

Le parallèle s’est enrichi lorsque jeudi, un proche adjoint du gouvernement Obama a annoncé que tout futur projet de forage pétrolier en mer était suspendu jusqu’à nouvel ordre —alors qu’un mois plus tôt, c’est ce même gouvernement qui avait surpris —et déçu— les écologistes en ouvrant de nombreux territoires marins à l’exploitation pétrolière.

D’un côté, une poignée de citoyens du Massachusetts reste bien décidée à contrer ce projet d’un parc de 130 éoliennes censées pousser à 10 km de leurs côtes. Mais ils voient tout à coup leur cause submergée dans l’actualité parce que, de l’autre côté, la majorité des habitants de la Louisiane se retrouve confrontée à des plages, des fruits de mer et des oiseaux sur le point de baigner dans un liquide noir et poisseux.

D’un côté, des politiciens qui, le mois précédent, se réjouissaient de la perspective de davantage de forages pétroliers dans leur coin de pays —en Floride, notamment— se retrouvent tout à coup embarrassés à l’idée d’en parler. Mais de l’autre, des écologistes qui ne peuvent pas prétendre avoir le doigt sur l’alternative : ces 130 éoliennes installées en mer ne produiront guère plus d’électricité (468 mégawatts) qu’une « centrale au charbon de taille moyenne ».

Au Massachusetts, les opposants promettent de s’opposer au parc éolien devant les tribunaux. En Louisiane, c’est British Petroleum (BP) qui risque de se retrouver devant les tribunaux dans les prochaines années, s’il s’avère qu’elle a une responsabilité dans l’accident.

Mais d’ici là, les trois Amériques auront eu le temps de commencer à mesurer un autre contrecoup de cette marée noire, si la progression de la nappe n’est pas arrêtée rapidement. Un impact sur ces 25 millions d’oiseaux migrateurs qui font une pause, au milieu de leurs longs voyages, à ce moment-ci de l’année, dans les anses, les baies et les îles de Louisiane. Certaines espèces y sont déjà, occupées à couver leurs oeufs.

Au point où chaque année, on célèbre là-bas, le deuxième dimanche de mai, la Journée internationale des oiseaux migrateurs. Un autre troublant parallèle, dont la prochaine génération de ces oiseaux se serait bien passé.

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