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Les premiers humains modernes ont peut-être préféré l’Arabie à l’Egypte : voilà en effet qu’on les place, des dizaines de milliers d’années plus tôt que prévu, dans les parages du Golfe Persique.

Grâce à cette recherche, et à d’autres, le portrait du grand voyageur se précise. Déjà, des crânes découverts jadis dans des cavernes israéliennes de Qafseh et de Soreq (cliquez sur l'image pour voir la carte) plaçaient des Homo sapiens là-bas il y a 100 000 à 125 000 ans. Voilà à présent que des outils de pierre les placent dans les Émirats arabes unis, 2500 kilomètres plus loin, il y a 125 000 ans.

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Or, on savait déjà que l’Homo sapiens —nous— était en Afrique, au sud du Sahara, il y a 200 000 ans, et on savait déjà qu’il avait commencé à migrer en Europe il y a 50 à 70 000 ans. Donc, entre ces deux époques, il a commencé à voyager. Mais par où est-il passé?

Que sa première destination hors d’Afrique soit le Proche-Orient est logique quand on regarde une carte. Mais alors que les découvertes en Israël tendaient à suggérer qu’il ait longé le Nil, de l’Éthiopie jusqu’à la Méditerranée, avant de tourner à droite vers le Proche-Orient, les dernières découvertes en Arabie suggèrent plutôt qu’il ait traversé la Mer Rouge, à l’endroit où le passage est le plus étroit, avant de longer la côte arabique —plutôt que de passer par le désert— jusqu’au Golfe Persique.

À cette époque, les glaciations avaient abaissé le niveau des eaux, rendant le passage de la mer Rouge encore plus facile.

Les fouilles dont il est question ici, et qui font l’objet d’un article dans l’édition du 28 janvier de Science , ont été menées de 2004 à 2010, à environ 80 km du détroit d’Ormuz, qui sépare les Émirats arabes unis et l’Iran. Ces fouilles suggèrent donc qu’après s’être arrêtés dans cette région, nos ancêtres auraient pu traverser le détroit, et commencer à peupler l’Asie et l’Europe.

Si le climat de la région était jadis plus propice, aujourd’hui, précise l’auteur principal, le paléogéographe Simon Armitage, de l’Université de Londres, le sol aride et le climat rendent peu probable de trouver des ossements humains de cette époque. Ce qui fait craindre qu’on puisse ne jamais avoir de conclusion définitive sur les créateurs de ces outils de pierre.

Et le scepticisme affiché, depuis la parution dans Science, par d’autres anthropologues, vient de là : l’argument central des découvreurs, c’est que la technique utilisée pour tailler ces outils de pierre est la même que celle des Homo sapiens d’Afrique à la même époque, explique l’anthropologue John Hawks sur son blogue. Mais c’est insuffisant comme preuve.

Par contre, pointe John Hawks, placer des Homo sapiens dans cette région plus tôt que prévu ouvre la porte à davantage de contacts qu’on ne le pensait avec les Néandertaliens —qui, eux, avaient déjà quitté l’Afrique depuis longtemps. Or, comme les découvertes génétiques de la dernière année ont démontré qu’il y avait un petit peu de gènes de Néandertal en nous, le Proche-Orient aurait très bien pu être un terrain propice à ces rencontres.

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