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Un point commun aux tornades et aux tremblements de terre : aussi imprévisibles les uns que les autres. Même si les tornades peuvent nous sembler plus « accessibles ».

Ce qui n’est pas peu dire : pas moins de 139 tornades distinctes ont été calculées mercredi — le 27 avril — tandis que ces souffles meurtriers balayaient le sud des États-Unis. Un chiffre qui pourrait contribuer à battre le record de tornades enregistrées dans un mois d’avril —soit 407, en avril 1954. Ou même le record pendant un mois tout court (543 tornades, en mai 2003, selon le Weather Channel).

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Certes, elles ne furent pas toutes des tornades meurtrières de catégorie 5 (la catégorie la plus élevée sur l’échelle de Fujita), comme celle qui a frappé Smithville, Mississippi, mercredi.

Celle-là, a estimé vendredi le Service météorologique américain, a eu des vents atteignant les 330 kilomètres à l’heure, et a dévasté un corridor de 4 kilomètres et demi de long par 800 mètres de large. Quatorze personnes sont mortes.

Mais fortes ou modérées, les tornades demeurent pratiquement impossibles à prédire, même avec seulement quelques heures d’avance. Tout au plus peut-on prédire un jour ou deux plus tôt que les conditions pour de possibles tornades se mettent en place, comme les météorologues l’ont fait avant cette vague de tornades des 27 et 28 avril.

Y aurait-il un lien avec le réchauffement climatique? Plusieurs tentent ces jours-ci de le suggérer, mais aucune corrélation n’a pu être découverte, du moins pas avec les tornades puissantes (de 2 à 5 sur l’échelle de Fujita), si on se base sur les 60 années de données récoltées par exemple par le Laboratoire national des tempêtes sévères, en Oklahoma.

Il est bien connu des météorologues que plus de chaleur et d’humidité font partie des ingrédients indispensables à une tornade (voir encadré), de sorte que le réchauffement de la planète pourrait contribuer au développement de tornades de plus haute intensité... mais le mot-clef, ici, est « pourrait ».

De plus, même si cette corrélation était prouvée, davantage de tornades de plus grande intensité ne voudrait pas dire davantage de tornades.

Autrement dit, en dépit de toute la technologie développée depuis 60 ans, en dépit des radars et des avions qui ont filmé jusqu’à l’intérieur des tornades, une vision globale des conditions qui entraînent la naissance d’une tornade reste au-delà de notre compréhension. Tout au plus a-t-on identifié, comme pour les séismes, les « zones à risque » (dont la fameuse « zone des tornades » nord-américaine, sur l’image).

Et ce sont dans ces zones à risque que résident les pratiques qui augmentent le nombre de morts : les édifices mal construits sur les failles tectoniques... et les parcs de roulottes ou caravanes dans les zones de tornades.

Dans les deux cas, même triste constat : les populations les plus pauvres sont les plus durement touchées. Le météorologue Walker Ashley, de l’Université de Northern Illinois avait découvert en 2008 que 44% des décès dans une tornade étaient des gens qui habitaient une roulotte. Ce nombre serait maintenant de 50%.

Cela dit, il se trouve des climatologues pour y aller d’une recommandation : il ne faut pas tomber dans l’autre extrême et ne pas mentionner du tout le réchauffement de la planète dans les futurs bilans de ces événements. Kevin Trenberth, du Centre national de recherche sur l’atmosphère, est l’un d’eux :

Il est irresponsable de ne pas mentionner les changements climatiques... L’environnement dans lequel toutes ces tempêtes et ces tornades se produisent a été altéré par l’influence humaine... Le moteur de base des tornades est l’instabilité de l’atmosphère : de l’air chaud et humide en bas avec de l’air plus sec au-dessus. Avec le réchauffement climatique, l’air des basses couches est chaud et humide, et il y a plus d’énergie disponible pour nourrir toutes ces tempêtes.

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