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Et si, après Sotchi, on annulait simplement les Jeux d’hiver? L’idée n’est pas sans mérite, quand on considère que 10 des 19 lieux à avoir accueilli des Olympiques d’hiver seront d’ici peu inhospitaliers pour de telles compétitions.

Les palmiers ont donné lieu à bien des blagues ces dernières semaines: des connaisseurs de la région de Sotchi ont signalé que dans cette région de la mer Noire, poussent effectivement... des palmiers. Par ailleurs, sur les pentes de la montagne où s’affronteront certains des meilleurs skieurs du monde, les organisateurs ont passé un an à... entreposer de la neige.

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C’est qu’on est loin d’un climat froid: la température moyenne à Sotchi est de 6 degrés en février, et elle dépasse à peine le point de congélation dans les montagnes voisines.

Or, si Sotchi semble un choix étrange pour des Jeux d’hiver, cette ville n’en est pas moins un avant-goût du futur, disent les statistiques. Dans l’ouest du Canada, une étude des patinoires extérieures concluait en 2012 que si la tendance se maintient, le hockey extérieur sera bientôt chose du passé dans ces régions. Dans l’est des États-Unis, selon une étude parue en 2013 dans Tourism Management , les stations de ski des montagnes dites «à basse élévation» (750 mètres et moins) auraient à peine 25 ans devant elles au Massachusetts et au Connecticut —avant que le réchauffement climatique ne fasse descendre la saison de ski sous les 100 jours, même avec de la neige artificielle. Plus au nord —le Vermont et, bien sûr, le Québec— les propriétaires de stations de ski peuvent souffler quelques décennies de plus, mais les saisons seront plus courtes.

Or, quand on regarde les 19 dernières villes hôtesses des Olympiques d’hiver, on a un choc. Dans une étude publiée pour coïncider avec Sotchi, les auteurs voient les jeux d’hiver comme une espèce menacée.

«De moins en moins de régions traditionnelles aux sports d’hiver seront capables d’accueillir des Olympiques d’hiver dans un monde plus chaud», résume le chercheur principal, Daniel Scott, de l’Université Waterloo (Ontario). Même avec le scénario optimiste des climatologues —celui où les émissions de gaz à effet de serre auraient diminué— dès 2050, quatre de ces villes ne seraient «pas fiables climatiquement»... dont Chamonix et Sotchi. Quatre autres seraient à risque, dont Oslo. En 2080, cinq autres s’ajouteraient à la liste, dont Innsbruck (Autriche), Turin (Italie) et Lake Placid (États-Unis).

Au départ, il faut mettre de côté tous les sites qui sont trop près des côtes, comme Vancouver. Il faut oublier aussi les montagnes trop peu élevées. Ce qui oblige à se replier sur les sites qui sont à la fois loin des côtes, et qui ont des montagnes élevées, comme Saint-Moritz (Suisse), Calgary et Salt Lake City.

À moins de tenir tous les événements à l’intérieur, ce qui enlève quelque peu d’attrait à des Jeux d’hiver...

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