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Quand l’accord de Paris sur le climat a été annoncé le 12 décembre, on a rapidement eu droit à des gens très enthousiastes, et à d’autres très critiques. Le point commun de ces derniers toutefois, ce n’est pas qu’ils trouvent que l’entente est mauvaise; c’est plutôt qu’ils jugent qu’elle a 20 ans de retard et que les conférences du climat (COP) font partie du problème.

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C’est notamment la réaction de Bill McKibben (4e minute, ci-contre), celui que le quotidien Le Monde a qualifié pendant la COP21 de «bête noire des énergies fossiles». McKibben, qui a été journaliste environnemental pendant plus de 20 ans, a co-fondé en 2007 l’organisme 350.org: l’opposition réussie au pipeline Keystone, c’est 350.org. La marche sur le climat de New York en 2014, qui a attiré 400 000 personnes, c’est également lui.

Or, comme nous l’explique McKibben dans une entrevue réalisée pendant la COP21, 350.org fait partie d’une nébuleuse d’organismes de la société civile qui critiquent les ratages répétés des conférences annuelles sur le climat, mais qui se montrent également déçus des mouvements environnementaux de la vieille école, à qui ils reprochent de s’être éloignés de leur base et de pas mettre suffisamment de pression sur leurs gouvernements —contribuant du coup aux échecs des conférences passées.

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À Paris, 130 de ces organismes de la société civile, regroupés autour de la Coalition Climat 21, ont notamment organisé un sommet parallèle de deux jours en marge de la COP, et sont derrière la marche du 12 décembre, tenue en dépit de l’état d’urgence instauré en France depuis les attentats de novembre.

La grande vedette de ces militants, l’auteure canadienne Naomi Klein, est venue donner quelques conférences à Paris en marge de la COP21, en plus de participer en compagnie de Bill McKibben à un faux procès de la pétrolière Exxon, pour sa « responsabilité » dans les catastrophes climatiques à venir.

Que réclame 350.org et en quoi se distingue-t-il des autres mouvements environnementaux des trois dernières décennies? Comment se définissent-ils par rapport aux conférences annuelles sur le climat, qu’ils critiquent tout en leur reconnaissant une utilité ? On en discute avec le directeur du chapitre français, Nicolas Haeringer.

Une des cibles les plus visibles de ces groupes avant et pendant la COP21: les commanditaires. Une vingtaine de grandes compagnies françaises qui ont en commun de posséder des centrales au charbon et d’investir dans le pétrole, ont en effet fourni quelque 20% du budget de la COP21. En tant que partenaires privilégiés, elles dominaient une exposition au Grand Palais de Paris, intitulée «Solutions climat», et elles avaient un accès à la zone bleue, cette partie de la conférence où se trouvaient les chefs d’État et leurs négociateurs. Olivier Petitjean, qui dirige un organisme appelé l’Observatoire des multinationales, nous résume le malaise. Serait-il plausible de ne pas avoir des commanditaires du pétrole et du gaz dans une conférence sur le climat? A ce sujet, Nicolas Haeringer, de 350.org, a une suggestion.

Les invités

 

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Extrait de l’entrevue avec Bill McKibben

Expliquez-nous d’abord ce mécontentement face aux groupes environnementaux dans lequel s’inscrit la naissance de 350.

Il y a eu émergence, depuis cinq, six ans, depuis [la conférence de] Copenhague, d’un gros mouvement venu de la base, qui n’était pas là avant. Et c’est une des raisons pour lesquelles Copenhague a été un si gros échec. Il n’y avait aucun mouvement pour mettre les chefs d’État devant leurs responsabilités. Barack Obama ou Hillary Clinton pouvaient rentrer chez eux et n’en payer aucun prix. Mais à présent, aux États-Unis, au Canada et ailleurs, il y a un gros mouvement citoyen, qui fait des demandes, met de la pression.

Je pense que le mouvement environnemental avait oublié qu’il avait besoin d’une aile citoyenne. Vous savez, le mouvement environnemental est né du Jour de la Terre en 1970. Aux États-Unis seulement, 20 millions [de personnes] dans la rue, ou 10% des Américains. Ça lui a donné une grosse poussée dès le début. Mais au fil du temps, les grosses organisations ont oublié leurs racines. Elles sont devenues très professionnelles, très efficaces, mais elles n’ont plus assez de soutien des gens pour faire peur aux politiciens. Et nous avons reconstruit ce mouvement au cours des cinq ou six dernières années, à partir de la rue. C’était nécessaire.

Etes-vous d’accord avec Naomi Klein qui a plusieurs fois répété que ces conférences sur le climat ne peuvent pas être la réponse au défi climatique de notre époque?

Les négociations sont plus le tableau d’affichage que la partie. Elles reflètent ce que nous avons été capables de faire au cours des 4, 5 dernières années en mettant de la pression. Elles nous disent jusqu’où nous sommes allés et combien de pression il nous reste à mettre, et c’est beaucoup. Parce que nous sortons d’ici, en route pour un monde qui sera de 3 degrés, 3 degrés et demi plus chaud.

Les COP ont leur raison d’être. Vous avez besoin d’une place pour réunir tout le monde, tous les pays. Mais l’idée que c’est ça qui va sauver la planète est incorrecte.

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Je vote pour la science est diffusée le lundi à 13h30, sur les cinq stations régionales de Radio VM. Elle est animée par Isabelle Burgun. Vous pouvez également nous écouter le mardi à 11h à Radio Centre-Ville (102,3 FM Montréal) et vous abonner sur iTunes.

Vous trouverez sur cette page des liens vers les émissions des saisons précédentes. Pour en savoir plus sur l'initiative Je vote pour la science, rendez-vous ici. Vous pouvez également nous suivre sur Twitter et sur Facebook.

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