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Ce n’est pas de sa fenêtre que le professeur au Département des sciences atmosphériques et océaniques de l’Université McGill, Daniel Kirshbaum, observe les orages d’été. Il suit plutôt les simulations d’orages générées par son ordinateur. Fait étrange, les points chauds (hotspots) sur l’écran ne s’éloignent guère des zones réelles de perturbations orageuses.

« Nous sommes capables de reproduire les orages par combinaison des propriétés atmosphériques et topographiques. Cela confirme notre hypothèse sur l’importance des montagnes, vallées et lacs québécois dans la conception de ces cellules orageuses », soutient le chercheur.

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Avec son équipe, le Pr Kirshbaum a épluché 22 années de données sur les orages du sud du Québec, collectées par le radar de McGill à Sainte-Anne-de-Bellevue, à 30 kilomètres à l’ouest du centre-ville de Montréal. Les observations amassées – atmosphère saturée d’humidité, circulation des masses d’air, chute de température, etc. – et les données de terrain ont inspiré aux chercheurs quinze modèles de simulations orageuses similaires à ce qui se produit au naturel.

La vallée du Saint-Laurent y joue un rôle primordial. « La configuration de cette vallée guide le vent du sud-ouest vers le nord-est. Les masses d’air chaud et froid s’y rencontrent le long de ces couloirs pour initier des convections importantes », explique le chercheur.

Les forts orages du lundi 20 juin dernier, qui ont engendré plus de 7 000 coups de foudre en une heure et privé des milliers de personnes d’électricité, résultent de la rencontre d’une masse d’air froid, provenant de l’ouest et circulant, avec les masses d’air chaud humide de cette vallée.

Ce genre d’évènements semble se produire de plus en plus fréquemment. Bien évidemment, les changements climatiques y seraient pour quelque chose, même si le Pr Kirshbaum ne peut le démontrer : « Neige en hiver et pluie en été, les systèmes risquent d’être vus plus souvent, mais nos données d’observation portent seulement sur 20 ans, c’est trop court pour tirer des conclusions », temporise le spécialiste. Surtout que les données recueillies ne couvrent que trois mois (juin, juillet et août). Difficile alors de suivre les modifications de saisons liées au climat – printemps précoces et hivers tardifs.

Sous le radar

Marque drastique portée sur le paysage, l’urbanisation présente un certain impact sur les conditions météorologiques. De l’accumulation de chaleur en raison d’un manque de végétation, qui l’absorberait normalement, à la friction de surface freinant la circulation atmosphérique, les villes accumulent des conditions idéales aux orages.

La région de Gatineau et celle de Trois-Rivières s’avèrent toutefois plus propices aux orages que celle de Montréal, ou même d'Ottawa. « La forme de la vallée qui masque Ottawa, et l’élargissement du fleuve Saint-Laurent qui rafraîchit Montréal diminuent les convections autour de ses deux villes », relève le Pr Kirshbaum. L’orage se forme au cœur de la cité et va toutefois se déplacer en suivant les zones de circulation atmosphérique. Une trainée orageuse qui va s’inscrire sur l’écran blanc du chercheur.

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