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Les météorologues et les journalistes n’ont pas manqué de superlatifs pour caractériser le temps chaud de la fin septembre. Des températures caniculaires alors que les feuilles commencent à tomber, on ne voit pas ça souvent. Mais s’agit-il vraiment d’un événement unique ? Ou s’inscrit-il dans une tendance ? Le Détecteur de rumeurs s’est penché sur la question.


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Le mois de septembre a été exceptionnellement chaud dans le sud du Québec. S’agit-il d’un prolongement de l’été jusqu’en septembre, comme on serait en droit de s’y attendre dans un climat qui se réchauffe ? Est-ce plutôt un phénomène aléatoire, difficile à analyser faute de données suffisantes ? Ou bien est-ce un événement unique, comme l’ont avancé certains médias ?

Indéniablement unique

Chez Environnement Canada, on est formels : le mois de septembre 2017 est « dans le top 5 » des mois de septembre les plus chauds au Québec, depuis le tout début de la prise des mesures, soit au 19e siècle.

Dans la région de Montréal, les températures observées sont à classer parmi le « top 3 » des mois de septembre les plus chauds, précise la météorologue Amélie Bertrand. « Nous avons battu plusieurs records de chaleur à la fin septembre », précise-t-elle, avant de parler de « températures maximales jamais vues depuis 100 ans ».

Si on remonte à 1871, année du début de la prise des mesures à Montréal, la moyenne des températures maximales quotidiennes pour la période du 11 au 27 septembre n’a jamais été aussi élevée que cette année.

Avec une moyenne de 26,5 degrés (contre une normale d’environ 20 degrés), 2017 éclipse ainsi les records précédents de 1961 (24,1 degrés) et 1946 (24 degrés).

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Sur papier, il ne fait aucun doute que la situation est anormale : des cartes fournies par Environnement Canada indiquent que la moyenne des températures des deux dernières semaines de septembre 2017 bat tous les records des dernières décennies.

Par exemple, la carte ci-dessous montre les différences de température à la fin-septembre par rapport aux moyennes 1981-2010 de la fin-septembre. On y voit que pendant ces deux semaines, les températures moyennes dans le sud du Québec, de l’Ontario et d’une partie des provinces maritimes, dépassaient d’au moins sept degrés (en rouge foncé) la moyenne de 1981 à 2010.

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La faute au réchauffement climatique ?

Amélie Bertrand ne passe pas par quatre chemins : « avec le réchauffement global, il y a cette tendance, observée au cours des dernières années, selon laquelle le mois de septembre est de plus en plus ensoleillé et assez chaud. »

À titre d’exemple, explique Alexandre Parent, d’Environnement Canada, la température moyenne des mois de septembre pour Montréal était, entre 1961 et 1990, de 14,5 degrés, alors qu’elle était montée à 15,5 entre 1981 et 2010 (donc, une hausse de 1 degré en 20 ans). Si on ne calcule que la température moyenne des 10 dernières années, la valeur est de 16,9 degrés Celsius.

Cette multiplication des journées caniculaires se fait sentir ailleurs. À Toronto, à Chicago, en Californie, même en Europe, on a fait état de records de chaleur centenaires pulvérisés et de vagues de chaleur, en août et en septembre. Sur le Vieux Continent, la vague de chaleur « inhabituelle » du début août a été affublée du doux nom de « Lucifer ». Selon un rapport du groupe d’experts World Weather Attribution, ces températures caniculaires ressenties en Europe deviendraient « normales » d’ici 2050.

Pour Amélie Bertrand, il y a peu de chances que cette tendance s’inverse. Selon elle, « les températures estivales vont s’étendre un peu plus longtemps en septembre », et l’été pourrait ainsi se prolonger d’environ cinq jours d’ici la fin du siècle.

La météorologue apporte toutefois un bémol : un record en 2017 ne veut pas dire que 2018 sera elle aussi une année à l’été plus long et plus chaud que la moyenne. Oui, les plus récentes années ont bien souvent établi des records, mais ceux-ci correspondent aux températures moyennes mondiales, mentionne Mme Bertrand. Or, les choses peuvent varier énormément, d’une région à l’autre.

Un autre bémol est apporté par Tim Merlis, professeur spécialisé en dynamiques atmosphériques et climatiques à la Faculté des sciences atmosphériques et océaniques de l’Université McGill. Il soutient que ce n’est pas nécessairement à une disparition progressive de la froideur hivernale que les habitants du Québec devront s’attendre. « Les projections climatiques ne comportent pas de transformation du cycle de températures saisonnier. La différence entre les températures d’hiver et d’été devrait toutefois diminuer. » En d’autres mots, il y aura davantage de réchauffement en hiver qu’en été.

Verdict

La canicule montréalaise des derniers jours de septembre 2017 représente un événement météorologique jamais vu depuis 140 ans, soit depuis que la température est mesurée dans la métropole. Si la planète continue de se réchauffer, le climat va continuer de nous réserver des surprises, mais dans une région comme celle du sud du Québec, le débat se poursuit quant au type de surprise : canicules en septembre ou hivers plus doux ?

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