Le mot à lui
seul fait peur: "bioterroriste".
C'est le successeur des poseurs
de bombes et des résistants
armés d'AK-47. Un pot de
confitures apparemment vide, une
bestiole invisible à l'oeil
nu, ou un gaz, et vous pouvez semer
le chaos au coeur même d'une
grande ville nord-américaine.
Certes, ceux qui se
sont précipités dans
les magasins de larmée
pour y acheter des masques à
gaz ont
fait preuve dune peur irrationnelle.
Une attaque à larme
biologique ou chimique pourrait
se produire le mois prochain, comme
dans 20 ans. Ou jamais. Elle pourrait
avoir pour cible une ville entière
ou un simple bâtiment. De
sorte que la probabilité
que cela tombe précisément
sur vous est extrêmement faible.
Mais la perspective
donne froid dans le dos. D'abord,
si une telle attaque se produisait,
un masque à gaz ne protégerait
pas beaucoup contre un agent chimique
ou biologique qui sintroduirait
par tous les pores de votre peau...
Ensuite, sur le plan
purement politique, c'est à
se demander s'il existe une parade,
lorsqu'on lit un article du magazine
de vulgarisation scientifique britannique
The New Scientist et
intitulé fort éloquemment
"All Fall Down" (Tout
sécroule). Larticle
à été publié
en mai... 1996.
Dans toutes les mesures
anti-terroristes lancées
par les gouvernements depuis le
11 septembre, il
y a toujours, en arrière-plan,
cette menace. Personne ne sait
doù ça viendra
ni quelle forme ça prendra.
Mais tout le monde doit désormais
admettre, après des années
dalertes, que la chose est
possible. Bienvenue au XXIe siècle.
Aucune nation n'est
vraiment prête. Une épidémie
de variole, par exemple, un virus
dont la souche "naturelle" est aujourd'hui
éradiquée, trouverait
devant elle des autorités
médicales démunies,
faute de vaccins en nombre suffisant.
Cent kilos d'anthrax répandus
dans des endroits stratégiques,
et le virus atteindrait la majorité
de la population d'une ville en
quelques jours.
Lalerte lancée
la semaine dernière par nulle
autre que lOrganisation mondiale
de la santé, sur la possibilité
quun groupe terroriste international
utilise une telle arme, rappelle
combien ce travail déducation
dont nous parlions la
semaine dernière, serait
bien plus urgent quun bombardement
aveugle. Sil y a une seule
chance, toute petite, à long
terme, à très long
terme, de gagner cette "guerre",
cest par léducation.
Tuez un terroriste, et il sen
lèvera dix qui voudront venger
leur "martyr". En revanche,
apprenez aux petits américains
de Manhattan que les gens de ces
lointains pays ont eux aussi le
droit à une vie confortable
et sans violence, ou aux petits
Afghans que "lAmérique"
nest pas peuplée que
de monstres assoiffés de
sang, quentre Islam et Chrétienté,
que de part et dautre il faut
savoir faire un tri dans linformation
qui nous bombarde... Développer
les connaissances sur lautre,
mais aussi et surtout, développer
lesprit critique face à
cette information, est un objectif
un brin utopiste, mais le seul qui
lHistoire la démontrée-
permette un peu doptimisme,
à long terme.
Sans quoi, plus les
années passeront et plus
les armes de la science seront mieux
maîtrisées par les
soldats de la foi...