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semaine du 22 octobre 2001



La peur d'avoir mal fait plus mal que le mal


Le 29 septembre, une alerte à l'anthrax dans une école de la côte Ouest américaine a expédié à l'hôpital 16 personnes, toutes souffrant de maux divers. Le problème, c'est qu'il s'agissait d'une fausse alerte... mais que les maux, eux, étaient bien réels…


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Après le 11 septembre

"Nous n'avons rien à craindre, que la crainte elle-même", disait Franklin Delano Roosevelt pendant la Deuxième guerre mondiale. Une phrase à méditer: parce que depuis trois semaines, la peur de l'anthrax est devenue plus dangereuse que l'anthrax lui-même. En plus de fermer des bureaux, de paralyser une partie du Congrès américain, de mobiliser des milliers de policiers, de pompiers et d'experts en décontamination, elle a engendré une légion de malades… imaginaires.

Dans une lettre publiée dans la dernière édition du British Medical Journal, un groupe de chercheurs britanniques, américains et australiens, lance carrément un signal d'alarme: cette psychose qui s'est propagée en un rien de temps sur trois continents pourrait provoquer rien de moins que des "dommages sociaux et psychologiques à long terme". En d'autres termes, dans les faits, l'anthrax lui-même ne tuera que très peu de gens, et ne provoquera rien de plus grave que des démangeaisons. Mais la peur de l'anthrax aura un effet dévastateur.

Et attention, on ne parle pas ici d’un simple effet psychologique. En plus des 16 personnes de cette école mentionnée plus haut, 35 personnes sont tombées réellement malades après une fausse alerte dans une station de métro du Maryland (du liquide s'était mis à couler d'une fenêtre). Trente-cinq personnes qui ont rapporté, le plus sérieusement du monde, souffrir de nausées, de maux de tête et de maux de gorge.

Il n'y avait pas un seul spore d'anthrax dans l'air, ni dans leur gorges, ni sur leurs vêtements. Tout s'était passé dans leur tête.

"Le niveau général de malaise, écrivent les chercheurs dans le British Medical Journal, de crainte et d'anxiété, peut demeurer élevé pendant des années, au point d'exacerber des problèmes psychiatriques qui étaient déjà présents et d'accroître le risque de maladies sociogéniques de masse" -maladies sociogéniques de masse: un terme savant pour parler de malades imaginaires… collectifs.

Et les théories, qui ne manqueront pas de surgir, à propos d’effets hypothétiques de l'anthrax, ne feront rien pour rassurer. "Des hypothèses non-confirmées ou controversées concernant les effets sur la santé de l'exposition à des armes biologiques ou chimiques vont probablement devenir des questions litigieuses chez les scientifiques et dans les médias."

Questions litigieuses chez les scientifiques: faut-il tout de suite évoquer tout haut toutes les hypothèses sur ces effets, ou attendre d’en savoir plus? Et est-il nécessaire d’envoyer des gens vêtus comme des astronautes pour chaque alerte? Questions litigieuses chez les médias: est-il sage de tenir jour après jour un décompte des "victimes", même en sachant que chez la quasi-majorité d’entre elles, les effets ne dépasseront pas le stade des démangeaisons? Même en sachant que, pendant ces deux semaines où une seule personne mourait d’une attaque à l’anthrax, plusieurs centaines mouraient, aux Etats-Unis seulement, d’un accident de la route... sans que quiconque ne songe à en faire le décompte chaque matin!

"Quelques personnes ont été affectées... et 50 millions sont devenues anxieuses", renchérit pour le New Scientist Leslie Carrick-Smith, expert en psychologie des désastres.

Il n’y a vraiment pas de quoi rire. Les terroristes sont, traditionnellement, faibles, mais ils compensent cette faiblesse par des tactiques de peur, explique pour la BBC John Gearson, expert en politiques de défense au Collège King de Londres. Le moins qu’on puisse dire c’est que, dans la situation présente, ils ont atteint leur objectif.

Car qui que ce soit qui a envoyé ces lettres parfumées à la bactérie du charbon, il a drôlement bien choisi ses cibles. Les grands médias et le Congrès américain. Comme moyen d’obtenir un maximum de publicité, il était difficile de faire mieux. "Ceux qui font cela, résume Libération, ne veulent pas uniquement tuer des innocents, ils veulent le faire avec un maximum de publicité. Pour l'instant, il faut reconnaître que cela marche plutôt bien."

 


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