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Avez-vous déjà remarqué que nos journaux parlent inévitablement du Nobel d’économie alors qu’ils oublient souvent de mentionner les Nobels scientifiques? Pourtant, ce n’est certainement pas parce que le Nobel d’économie est plus facile à comprendre...

« Des marchés de recherche sur lesquels existent des frictions qui empêchent des acheteurs de satisfaire... » Ok, j’abandonne. Je soupçonne que les trois quarts des lecteurs ont eux aussi décroché à cet endroit de l’article qui annonçait la semaine dernière le gagnant du Nobel d’économie (avis : oui, je sais ce n’est pas un « vrai » Nobel – on en reparle une autre fois, d’accord?)

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Je pense que je ne vous surprendrai pas si je vous dis qu’il n’y a pas que la science qui ait besoin de vulgarisateurs : l’économie aussi! (subprimes, quelqu’un?). A priori, si un chercheur décroche le Nobel de chimie ou son équivalent en économie, c’est parce que ses travaux l'ont placé légèrement au-dessus de la moyenne. Ce qui veut dire que, autant dans un cas que dans l’autre, un effort de vulgarisation sera de mise pour résumer, expliquer, raconter. Rien de plus normal jusque-là.

Pourtant, cette « égalité » ne se reflète pas dans les médias. Cette année, dans l’imprimé à Montréal, le Nobel d’économie : un long article dans La Presse du 12 octobre (Affaires, p. 2), un court dans Le Devoir (p. A4) et une brève dans Métro (p. 16). Le Nobel de physique : un court article dans Le Devoir du 6 octobre (p. A6) et une brève dans Métro (p. 15). Le Nobel de chimie : rien.

Essayons avec Google News en anglais. Nobel de physique: 1518 articles (en majorité le même repris un peu partout). De chimie : 1439. D’économie : 2113.

Et dans la plupart des cas, celui d’économie est davantage mis en valeur (plus long, haut de page dans les éditions imprimées, avec photo plus souvent).

Pourquoi? Ne venez pas dire que c’est parce que l’économie parle de choses que tout le monde comprend (les subprimes, allô?) ou que la physique se tient trop loin de notre vie quotidienne (« c'est dans votre mine de crayon! »). Peu probable aussi que quiconque ose avancer sans rire que c’est parce que l’économie jouit d’une plus grande crédibilité « scientifique » que la physique ou la chimie.

La seule raison, et elle n’est pas réjouissante, est que les médias se sentent obligés de parler du Nobel d’économie. Parce que si c’est de l’économie, n’est-ce pas, c’est nécessairement important, même si on n’y comprend rien. Alors que les sciences, euh...

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