Pissenlit

BOSTON —Comment faire en sorte que la science et les recommandations basées sur des données crédibles enrichissent les politiques publiques ? Rémi Quirion, le scientifique en chef du Québec, a brièvement exposé les clés du modèle québécois en la matière à ses collègues scientifiques réunis ce weekend à Boston dans le cadre du congrès de l’Association américaine pour l’avancement des sciences.

Le poste de scientifique en chef du Québec, souligne Rémi Quirion, en est un de conseiller et non de décideur. Il est essentiel, insiste-t-il, de bâtir une relation de confiance qu’il s’agisse d’interactions avec les élus ou avec le public. Ainsi, il est appelé à proposer des solutions aux nombreux défis que devra prochainement relever la province : vieillissement de la population, effet des changements climatiques sur les villes ou pollution du fleuve.

D’autres sujets intéressent aussi les élus, ajoute-t-il. À l’occasion d’un Petit déjeuner à l’Assemblée nationale, ces derniers ont suggéré tenir des consultations autour d’au moins 52 sujets... dont les fameux ciseaux génétiques CRISPR-Cas9. Mais la plupart du temps, ces échanges prennent une forme plus informelle : un coup de téléphone, une question et une réponse qui doit venir en quelques heures. Un surhomme, le Scientifique en chef ? Plutôt quelqu’un qui sait entretenir son réseau, celui des chercheurs des Fonds de recherche du Québec qui peuvent répondre rapidement aux questions qui tuent.

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Maillage science et public

L’autre cheval de bataille du Scientifique en chef : la promotion de la science vers le public. Il soutient des modèles de cocréation et de science citoyenne qui rassemblent les citoyens et les chercheurs dans un même projet, tel que le Détecteur de rumeurs.

Un projet bien différent s’en vient pour 2017 : la population québécoise pourrait bien être sollicitée afin d’élaborer le futur plan stratégique des Fonds de recherche du Québec. Une occasion, peut-être, de soutenir le scientifique en chef dans son désir de modifier les critères d’évaluation dans le financement de la recherche : « La participation des chercheurs aux conférences grand public devrait faire partie des critères de financement de leurs travaux au même titre que les publications scientifiques ». Un projet qui enthousiasme Tim Caulfield, directeur scientifique de l’Institut du droit de la santé de l’Université d’Alberta et communicateur hors pair, invité à présenter sur le même panel divers moyens pour rejoindre efficacement le public. Selon lui, pratiquer la « slow science », modifier les pratiques et l’infrastructure de recherche afin de favoriser l’implication des chercheurs dans la sphère publique et les encourager à promouvoir la science et l’esprit critique apporterait une bouffée d’oxygène à la confiance du public envers la science, bien malmenée par la multiplication des études contradictoires et la tendance des chercheurs et des médias à gonfler les résultats.

Des actions que Rémi Quirion n’hésite pas à pratiquer lui-même lorsque l’occasion se présente. Sorti dans les médias en 2015 afin de promouvoir la vaccination, il a reçu quelques courriels bien sentis de personnes sceptiques quant à l’innocuité des vaccins. Sa réponse : leur proposer un rendez-vous en personne. S’il ne les a pas fait changer d’avis, il aura au moins ouvert la discussion, avance-t-il.

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