La
surprise est de
taille: d'une part,
la maladie en question
est déjà
connue des neurologues.
Il s'agit de la
sclérose
latérale
amyotrophique (SLA),
ou maladie de Lou
Gehrig. D'autre
part, les chercheurs
auraient bien aimé
pouvoir tracer un
lien entre cette
maladie et la guerre
du Golfe de 1990-1991:
une arme chimique
utilisée
par l'ennemi, un
vaccin donné
aux soldats avant
leur départ,
un virus, n'importe
quoi de caractéristique
à cette guerre,
les aurait rassurés.
Mais
l'épidémiologiste
Marc Weisskopf et
son équipe
de l'Ecole Harvard
de santé
publique, à
Boston, ont décidé
d'aller au-delà
de la guerre du
Golfe, et d'étudier
les causes de décès,
sur neuf ans (1989-1998),
de
plus de 400 000
Américains,
tous des vétérans
des deux guerres
mondiales, de la
guerre de Corée
et de celle du Vietnam.
Résultat:
274 avaient développé
une SLA, contre
-dans une tranche
équivalente
de la population-
seulement 63 civils.
L'écart est
énorme, compte
tenu de la rareté
de cette maladie.
Qui plus est, ceux
qui ont servi dans
plus d'un conflit
semblent être
deux fois plus à
risque que les autres.
Enfin, le risque
est chaque fois
plus élevé
que chez les civils,
que l'on soit dans
l'armée de
terre, de l'air,
ou la marine.
Les
résultats
ont été
dévoilés
dans le cadre du
congrès de
l'Académie
américaine
de neurologie, à
San Francisco.
La
cause du SLA est
inconnue; depuis
des décennies,
les chercheurs soupçonnent
des facteurs environnementaux
tels qu'un empoisonement
au plomb ou une
infection virale.
Cette
dernière
étude leur
fournit des pièces
importantes à
ajouter au dossier.
Quant
aux vétérans
de la guerre du
Golfe, ils sont
nombreux, depuis
près d'une
décennie,
à réclamer
des dédommagements
pour ce mystérieux
"syndrome de la
guerre du Golfe"
et la maladie
de Lou Gehrig a
été
effectivement pointée
par quelques-uns
d'entre eux; deux
autres recherches,
en 2001 et 2003,
avaient souligné
le plus grand nombre
de cas de SLA chez
les soldats ayant
combattu au Koweït
en 1990, mais l'échantillon
avait alors été
jugé trop
faible.
Avec
la présente
étude, qui
inclut quatre autres
guerres dans le
portrait, le
lien entre guerre
et SLA devient soudain
plus solide.
Mais on vient du
même coup
d'écarter
l'hypothèse
d'une maladie qui
serait propre à
la guerre du Golfe,
ou à une
guerre en particulier.
On
peut en effet éliminer
l'hypothèse
d'une exposition
à un quelconque
agent chimique ou
biologique. On peut
aussi écarter
l'alimentation des
soldats, ou les
vaccins qu'ils ont
reçu avant
l'une ou l'autre
de ces guerres.
La seule cause commune
entre toutes ces
guerres et tous
ces militaires,
serait-elle psychologique?
Stress intense,
traumatisme sévère,
ou les deux?
La
sclérose
latérale
amyotrophique est
une maladie mortelle,
contre laquelle
il n'existe aucun
traitement. Aux
Etats-Unis, elle
touche moins d'une
personne sur 20
000, et les hommes
sont une fois et
demi plus nombreux
que les femmes.
Dans un cas sur
20, la cause est
génétique:
dans tous les autres
cas, les médecins
sont dans le noir.
Généralement
diagnostiquée
après 40
ans, elle provoque
la mort des neurones,
particulièrement
ceux qui, attachés
au contrôle
des muscles, sont
appelés les
motoneurones de
la moelle épinière.
La paralysie progresse
de façon
irrégulière,
jusqu'à limiter
les capacités
respiratoire du
malade. Dans la
moitié des
cas, la mort survient
dans les trois ans.