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La lune humide
Une signature inhabituelle sur la surface glacée de la lune
Europe pourrait être la trace d'un océan dissimulé sous
la glace. L'hypothèse n'est pas neuve, mais elle vient de se voir
ajouter un morceau, depuis l'endroit le moins glacé de la Terre.
Ce sont en effet des scientifiques de l'Université de l'Arizona,
peut-être en manque de froid, qui se sont intéressés
à ce monde -Europe est une des plus grosses lunes de Jupiter- recouvert
d'une couche de glace de plusieurs dizaines de kilomètres d'épaisseur.
Dans un article publié dans la revue Science, ils décrivent
pourquoi une
série de fissures étranges appelées "flexi",
seraient causées par le flux et le reflux d'un océan caché
sous cette "couche" de glace.
Les
flexi sont des fissures de formes dite cycloïdales; elles ressemblent
à des arcs qui seraient mis bout à bout, ce qui donnerait
au bout d'un moment une longue fissure ondoyante, sur des dizaines de kilomètres.
Ce type de fissure, unique à Europe, a été remarqué
pour la première fois par la sonde Voyager, en 1979, et a été
au centre d'un grand nombre de photos prises par la sonde Galileo, depuis
décembre 1995. Leur origine reste à ce jour un mystère
-même si les hypothèses n'ont pas manquées, celle d'un
océan figurant en tête de liste.
L'auteur principal de ce nouvel article, Gregory V. Hoppa, a développé
un modèle informatique
qui tient compte de l'orbite d'Europe autour de Jupiter, et des forces
de la gravité qui tordent Europe comme s'il s'agissait d'une balle
de caoutchouc: forces de la titanesque Jupiter bien sûr, mais aussi
forces des deux lunes voisines, Ganymède et Io, qui donnent à
l'orbite d'Europe une allure légèrement excentrique.
Le résultat de ces forces, semble démontrer le modèle
informatique, c'est la marée, comme on la connaît sur Terre,
mais une marée qui peut atteindre les 30 mètres, comparativement
aux 1 à 2 mètres de la plupart des marées terrestres.
Or, 30 mètres vers le haut ou vers le bas, c'est largement suffisant
pour faire craquer la couche de glace qu'il y a au-dessus. La fissure ainsi
créée se propage suivant une courbe, comme un arc, jusqu'à
ce que la pression de la marée redescende -et alors, tout s'arrête.
Lorsque la tension reprend, la fissure repart dans l'autre direction, comme
un deuxième arc qui se serait accroché à l'extrémité
du premier. En tout, le processus de propagation d'une fissure de 75 à
200 km prendrait 3 jours et demi -soit le temps que met Europe à
compléter une orbite autour de Jupiter.
Un monde enigmatique
Car il faut se rappeler qu'Europe, si ce qu'on imagine d'elle correspond
à la réalité, est un monde un peu spécial: cette
lune découverte par Galilée en 1610 serait une sphère
de roc tout à fait banale, comme notre Lune, mais recouverte d'une
immense couche de glace -l'eau est un "matériau" très
commun dans les parages de Jupiter. Quant à l'effet de marée,
ajouté peut-être à des volcans souterrains, il contribuerait
à faire fondre la partie inférieure de la couche de glace
-d'où l'océan.
Tout ceci reste hautement hypothétique, puisque personne n'a encore
vu cet océan et que pour le voir, il faudra envoyer une sonde capable
de creuser dans la glace. Mais les photos d'Europe, depuis trois ans, montrent
quelque chose qui ressemble furieusement à une banquise -une "couche"
de glace qui repose sur de l'eau. Et le modèle informatique d'Hoppa
ne fera qu'ajouter à l'enthousiasme de ceux qui "croient"
d'ores et déjà: les gens de l'Arizona affirment qu'aucun autre
phénomène physique ne pourrait expliquer la formation de ce
type très particulier de fissure.
Et que trouvera-t-on, dans cet océan?
Ailleurs sur ce site:
Une page spéciale sur Europe
Que d'eau! Que d'eau! (9 mars 1998)
Une vie extra-terrestre près de Jupiter?
(14 avril 1997)
Y a-t-il de la vie près de Jupiter?
(20 janvier 1997) |