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Qu’ont en commun lubrifiant, fibre synthétique, caoutchouc, engrais, vaseline et chandelle ? Tous proviennent du pétrole. L’Occident, depuis le 20e siècle, est devenu accro de l’or noir. Non seulement pour ses sous-produits (qui ne constituent en fait qu’une faible partie de l’usage du pétrole), mais surtout, pour le transport. Nous carburons, et c’est le cas de le dire, au pétrole.

Avec l’augmentation de la population mondiale, on peut s’attendre à une augmentation parallèle dans la demande en ressources. Les États-Unis et le Canada restent les plus gros consommateurs de pétrole per capita, mais des pays comme l’Inde et la Chine, dont la population augmentera beaucoup plus que celle des pays occidentaux, exerceront une pression de plus en plus grande sur les ressources. Détenons-nous la capacité à faire face à la demande tout en maintenant notre rythme de vie?

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Environ 90 % de l’énergie qu’on utilise aujourd’hui provient des combustibles fossiles, une forme d’énergie non renouvelable. Le pétrole, lui, fournit environ 40 % de l’énergie consommée dans le monde. C’est donc le nerf de la guerre. Très facile à exploiter, le pétrole était une bonne solution de rechange au charbon, beaucoup plus polluant. Et l’Agence d’énergie internationale (AÉI) nous rassure depuis les quarante dernières années : les gisements demeurent toujours aussi abondants, et la production, florissante. Pourquoi s’inquiéter?

Une faim insatiable Or, en regardant de plus près les chiffres et l’origine du pétrole, il y a matière à douter. Le pétrole se forme durant des millions, voir des milliards d’années, lorsque des organismes vivants (algues, planctons ou végétaux) qui se décomposent se trouvent bloqués dans l’eau ou un marais. Au lieu de se décomposer et d’engraisser le sol, les organismes se sédimentent et forment une couche de kérogène. Compressée par de nouveaux sédiments et sous l’effet des mouvements de la croûte terrestre, la couche de kérogène est transformée en roche mère. Cette couche s’enfonce dans le sol, et par le résultat d’un chauffage de plusieurs millions d’années, une série de réactions chimiques transforme les fines lignes de kérogène emprisonnées dans la roche mère en pétrole ou en gaz naturel (hydrocarbures liquides).

Il nous aura fallu 150 ans pour utiliser plus de la moitié des ressources combustibles formées durant des milliards d’années. De plus, les puits vieillissent : l’extraction du pétrole sera de plus en plus difficile et coûteuse. Les formes non conventionnelles de pétrole, sur lesquelles les optimistes misent pour sauver la donne, ne feront qu’amortir le choc. En effet, les immenses réserves de sable bitumineux comme en Alberta sont prometteuses, mais l’extraction ne pourra jamais se faire au même rythme qu’aujourd’hui. Même l’AÉI, qui a toujours été extrêmement optimiste, revoyait ses prévisions à la baisse en 2008. Nous serions plus près du pic de production que l’on nous l’a laissé croire.

Pourtant, des solutions existent, si imparfaites soient-elles. Les biocarburants, les énergies renouvelables… Mais sans la mise en place de mesures rapides d’économie d’énergie et de développement de carburants de rechange, nous fonçons droit vers le cul-de-sac. Comment pourrons-nous assouvir notre soif d’énergie tout en soutenant le développement des pays émergents, de plus en plus populeux, sans courir à la perte de notre planète?

À lire Normand Mousseau. 2008. Au bout du pétrole. Québec : Éditions MultiMondes Gaëtan Lafrance. 2007. Vivre après le pétrole. Mission impossible? Québec : Éditions MultiMondes.

Catherine Couturier

Ce billet a été écrit dans le cadre d'un travail d'équipe pour le cours RED2301 - Problèmes de vulgarisation, donné par Pascal Lapointe, à l'Université de Montréal à la session d'hiver 2011.

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