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- Josianne Bienvenue-Pariseault

Trouvez de quoi il s’agit. Un nouvel essai clinique vient d’être mis en place pour montrer son efficacité contre les symptômes de la maladie de la COVID-19. Vous l’avez sûrement déjà croisé sur les tablettes à votre pharmacie du coin. Nous vous avons peut-être même déjà conseillé d’en pendre pour vous aider à dormir ou pour éviter le décalage horaire. La réponse ? C’est la mélatonine, la fameuse hormone du sommeil.

Des chercheurs de l’Université Granada en Espagne viennent de débuter un nouvel essai clinique pour étudier l’efficacité de la mélatonine contre l’infection au SRAS-CoV-2 (1). Ce n’est pas la seule étude clinique de ce genre qui est en cours. En effet, deux autres études, une aux États-Unis et une autre au Brésil ont débuté plus tôt cette année (2, 3). Mais pourquoi étudier le SRAS-CoV-2 et l’hormone du sommeil ? Quel est le lien ? Les propriétés anti-inflammatoires de la mélatonine diminueraient les symptômes de la maladie de la COVID-19 causée par l’infection au virus SRAS-CoV-2.

Ayant déjà démontré une protection efficace contre l’inflammation des poumons dans les cas de pneumonies et d’emphysèmes, la mélatonine serait un candidat potentiel pour traiter la maladie de la COVID-19 (4, 5). « On sait que le SRAS-CoV-2 est associé à une réponse immunitaire et inflammatoire exagérée. La mélatonine diminuerait la charge inflammatoire pour permettre au système immunitaire de se remettre de l’infection » indique la Pre Cathy Vaillancourt de l’INRS – Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie qui étudie les actions de la mélatonine. Autrement dit, la mélatonine, tel un extincteur d’incendie, lutterait contre inflammation incontrôlable afin d’apaiser les poumons. Ceci permettrait au corps de récupérer et d’atténuer les blessures causées par l’inflammation.  

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D’autres essais en cours visent aussi à étudier la réduction de la charge inflammatoire par certaines molécules. La Pre Vaillancourt précise que « contrairement aux médicaments, dont les corticoïdes, la mélatonine est d’autant plus prometteuse, car c’est une molécule naturelle qui n’est pas toxique. Néanmoins, si on donne la mélatonine, il faut s’assurer de ne pas perturber le sommeil des patients ».

Le virus, la mélatonine et le vieillissement

Le traitement à base de mélatonine serait d’autant plus bénéfique pour les personnes âgées qui sont vulnérables à la maladie de la COVID-19. Pre Vaillancourt explique que « la synthèse de mélatonine est beaucoup plus faible chez les personnes âgées ». Des chercheurs ont émis l’hypothèse que la diminution de production de mélatonine expliquerait l’âge comme un facteur de mauvais pronostique pour la maladie de la COVID-19. Cette hypothèse est appuyée par des études qui ont démontré que des hauts niveaux de mélatonine dans le sang joue un rôle protecteur sur la santé et le vieillissement (6). La mélatonine permettrait donc aux personnes âgées d’avoir un meilleur prognostique, lorsque touchées par la maladie de la COVID-19.

Des résultats prometteurs avec d’autres virus

Le SRAS-CoV-2 n’est pas la seule infection virale ciblée par la mélatonine. L’effet protecteur de cette molécule a aussi été démontré dans les infections causées par l’influenza, Ebola, la dengue et le papillome humain. Les études suggèrent que la mélatonine réduirait la sévérité des infections plutôt que de détruire les virus en eux-mêmes (7). Bien qu’une autre étude suggère que la mélatonine à de fortes doses affecterait le SRAS-CoV-2 directement (8).

Il faudra tout de même attendre les résultats des essais cliniques pour confirmer le tout. Mais d’ici là, la mélatonine peut nous faire rêver du jour ou le SRAS-CoV-2 s’endormira bien profondément.

 

Crédit photo : Anna Shvets (https://www.pexels.com/fr-fr/photo/sante-hopital-laboratoire-medical-3786156/)

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