
Ce n’est pas encore la preuve d’un exode des cerveaux. Mais c’est le signe qu’aux États-Unis, plus d’universitaires que jamais songent à quitter pour des pays moins hostiles.
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Deux journalistes de la revue Nature se sont appliqués à la mi-avril à faire une compilation des données de la plateforme Nature Careers: un site dévolu exclusivement aux offres d’emploi en science, à travers le monde. Et le constat étonne même les responsables de cette plateforme: entre janvier et mars 2025, les scientifiques américains ont soumis 32% plus de candidatures pour des emplois à l’étranger que pendant la même période de 2024. Parallèlement, le nombre de visites en provenance des États-Unis sur des offres d’emplois à l’étranger a augmenté de 35%.
En mars, alors que les attaques du nouveau gouvernement Trump contre les subventions à la recherche scientifique s’intensifiaient, l’achalandage était supérieur de 68% à celui de mars 2024.
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« Une telle baisse dans les visites et les candidatures vers les États-Unis, et une hausse similaire du nombre de ceux qui pensent à quitter, c’est sans précédent », commentait le 22 avril James Richards, le directeur de la division Global Talent Solutions chez l’éditeur Springer Nature, qui inclut la plateforme Nature Careers. La revue Nature, qui est basée au Royaume-Uni, maintient une indépendance éditoriale de la plateforme, et ses journalistes expliquent qu’ils n’ont pu obtenir ces données qu’à la condition de ne dévoiler que les changements en termes de pourcentages, et non en nombres absolus.
À titre d’exemple, entre janvier et mars, les candidatures de scientifiques américains envoyées en réponse à des offres d’emploi au Canada avaient augmenté de 41% par rapport au premier trimestre 2024, tandis que les candidatures s'en allant dans l’autre sens —de scientifiques canadiens vers les États-Unis— avaient diminué de 13%.
Le 27 mars, la revue avait publié les résultats d’un sondage informel mené auprès de 1600 scientifiques américains: 75% avaient répondu qu’ils « considéraient » quitter à cause des perturbations en cours.
En Europe et au Canada, des universités ont déjà saisi l’opportunité et ont débloqué des budgets pour recruter ou attirer de tels chercheurs.