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C’est connu et bien documenté : les communautés défavorisées et racialisées sont les plus touchées par la Covid-19. L’une des explications de ce phénomène réside dans la relation entre la mobilité des individus et la transmission du virus. C’est ce que tendent à montrer une série de simulations qui combinent un modèle épidémiologique à des données de géolocalisation.

- Paul Fontaine

Parue ce mardi dans Nature, une étude des universités Stanford et Northwestern compare l’évolution de la pandémie de Covid-19 dans dix villes américaines aux déplacements des citoyens. En alliant un modèle épidémiologique à une lourde base de données de géolocalisation (anonymisées bien sûr), les chercheurs ont pu déterminer que les quartiers aux revenus médians les plus faibles sont ceux qui souffrent le plus de la pandémie. Ils ont également remarqué que 10% des lieux publics, nommés superspreaders, sont à la source de 85% des infections. Selon eux, cela s’explique par le fait que les populations plus défavorisées visitent des lieux qui sont généralement plus fréquentés, moins bien ventilés et moins propices à la distanciation sociale. De même, le télé-travail est généralement plus difficile pour les travailleurs issus de ces communautés.

Pour arriver à ces conclusions, les auteurs ont considéré près de 5,4 milliards de déplacements entre 57 000 quartiers et 550 000 lieux publics, le tout se déroulant du 8 mars au 9 mai. À l’aide de leur modèle épidémiologique et de ce réseau de mobilité, ils sont d’abord parvenus à prédire correctement l’évolution de la pandémie, en tenant compte de l’ouverture ou de la fermeture des différents établissements ainsi que du taux de fréquentation de ceux-ci.

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En simulant des directives sanitaires quant à la capacité limite des lieux visités, ils remarquent que des stratégies de réouverture adaptées au type d’établissement sont celles qui permettent le mieux de contrôler la pandémie, tout en réduisant les contrecoups économiques. Par exemple, limiter à 20% la capacité d’accueil des lieux publics mène à une réduction de 80% des infections, tout en ne diminuant que de 42% les déplacements. Ils notent également que la réouverture, même contrôlée, des superspreaders a un impact beaucoup plus important que pour les autres catégories d’établissements.

Tout ceci fait écho a ce qui est observé un peu partout en Amérique du Nord. En juin, on observait que les quartiers défavorisés et racialement diversifiés à Montréal étaient les plus touchés. Même son de cloche à Toronto ou aux États-Unis. Face à ce constat, les auteurs de l’étude proposent différentes mesures sanitaires équitables, dont des capacités limites plus sévères, des centres de distribution de denrées pour réduire la densité dans les épiceries à haut risque et des dépistages massifs et gratuits qui ciblent les quartiers les plus à risque.

 

Crédit photo : geralt, Pixabay, https://pixabay.com/fr/photos/syst%C3%A8me-web-r%C3%A9seau-connexion-2660914/, page consultée le 13 novembre.

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