Il y a 200 ans, les manchots de l’Antarctique n’avaient pas encore rencontré un seul humain. Et pourtant, déjà, les humains avaient affecté leur mode de vie : ils ont cessé de manger du poisson pour se tourner vers le krill.

Quel rapport entre cette petite crevette qu’est le krill, et les humains? C’est que le krill est l’aliment préféré des baleines. Or, à la fin du XVIIIe siècle, les humains se sont mis à chasser massivement les baleines. Le krill, débarrassé de son principal prédateur, s’est donc retrouvé plus abondant... pour la plus grande joie des manchots!

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C’est l’analyse de fragments de coquilles d’oeufs de manchots qui a permis à deux chercheurs de construire cette conclusion. Steven Emslie, de l’Université de Caroline du Nord et William Patterson, de l’Université de Saskatchewan à Saskatoon, ont pu compter sur 220 coquilles d’oeufs fossilisées, vieilles de 100 ans à 38 000 ans, et les ont comparées avec ces échantillons de nids modernes de manchots de la Terre d’Adélie —une partie du continent antarctique.

Leur analyse est parue dans la dernière édition des Proceedings of the National Academy of Sciences.

C’est en comparaison la proportion des différentes formes de carbone et d’azote (la « signature d’isotopes ») dans ces coquilles avec les proportions des mêmes formes de carbone et d’azote contenues dans les poissons et les krills, que les chercheurs ont déduit que l’alimentation des manchots avait effectué un virage il y a environ 200 ans.

Ceci dit, au-delà de l’anecdote, ce n’est pas une bonne nouvelle pour les manchots, puisque les humains, aujourd’hui, ont commencé à leur tour à s’intéresser au krill : ce type de pêche est en croissance exponentielle. Et le réchauffement de la planète pourrait en réduire encore plus les réserves, contribuant du coup au déclin de la population de manchots.

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