Les publications scientifiques gagnent en pérennité avec l’archivage électronique. Les vieux classiques des revues savantes seraient plus présents que jamais ! « C’est la théorie des avantages cumulatifs. Plus un article est cité plus il va être cité. Et les vieux classiques, tout le monde les reprend car ils servent notamment à positionner les travaux de recherche dans la mouvance de la discipline », affirme Vincent Larivière de l’Observatoire des sciences et des technologies de l’UQAM.

Avec ses collègues Yves Gingras et Éric Archambault du Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST), le chercheur a réalisé une étude portant sur l’évolution de la production de la littérature scientifique mondiale, de 1900 à 2004.

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Après l’effervescence de 1945 à 1975, époque d’expansion des activités de recherche et l’apparition des nouveaux paradigmes scientifiques, la période actuelle est plutôt à la stabilisation de la production des publications scientifiques. Les classiques restent très cités et le renouvellement est lent. « En raison de l’effet des “Pères fondateurs”, la science s’avère un milieu très conservateur », relève Vincent Larivière.

La citation des travaux des chercheurs précédents répond à différentes motivations de la part de la nouvelle génération, de « l’introduction qui jette les bases de la discipline à des fonctions plus organiques, pour appuyer l’argumentation ou la méthode », explique le chercheur. La conservation des mêmes références d’un auteur à l’autre produit ainsi un phénomène de vieillissement des publications.

Une cure de rajeunissement virtuelle

L’auto archivage favorise la multiplication des références aux classiques de la littérature scientifique mais laisse la part belle aux plus jeunes. À l’aide de serveurs comme Eprints arXiv, la diffusion de documents récents est accélérée. « Ce sont les chercheurs de disciplines de pointe, comme l’astrophysique ou la physique des particules, qui se sont dotés de telles structures de diffusion des écrits », rapporte Vincent Larivière.

Ces outils, supprimant le travail d’édition et de relecture par les pairs – un processus qui peut prendre jusqu’à deux ans – rendent les publications disponibles aux condisciples dans la même journée. Ce qui augmente d’autant les reprises de la nouvelle publication et dynamise la production des écrits.

Ce procédé vient également conforter les échanges au sein d’une même communauté de recherche, ce que le mouvement Open Access ne parvient pas à faire par lui seul. Rappelons que l’UQAM reste la première université nord-américaine à avoir signé la Déclaration de Berlin sur le libre accès à la connaissance (voir à ce sujet, Libérer l’accès à la recherche)

Lorsqu’un article est cité, cela n’est pas seulement une bonne chose pour le prestige ou les subventions de l’équipe de recherche, cela permet aussi de mesurer le dynamisme de la recherche nationale dans une discipline donnée.

Au Canada, les coupures fédérales survenues à la fin des années 90 se sont traduites par une stagnation des publications canadiennes. « La production témoigne aussi de l’impact des politiques de soutien », relève Vincent Larivière.

Ainsi, la Chine connaît une croissance des publications depuis ses mêmes années, la plaçant juste derrière les États-Unis qui engendre 70% des publications. La politique en vigueur au pays du Soleil levant est d’offrir une prime au chercheur qui publie à l’international. Ce que nombreux se sont empressé de faire…

À lire

Long-term Patterns in the Aging of Scientific Literature, 1900-2004, par Vincent Larivière, Éric Archambault et Yves Gingras (2007), dans les Proceedings of the 11th Conference of the International Society for Scientometrics and Informetrics (ISSI), Madrid. (sous presse).

Visiter également la page des publications de l’OST

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