Des prévisions climatiques pour les 10 prochaines années, plutôt que le prochain siècle? Ce serait une première. Et un progrès considérable dans l’oeuvre de précision.

Dans ce qui est décrit comme une « nouvelle approche », des climatologues sont en effet allés là où nul homme n’est jamais allé : des prévisions à moyen terme.

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Les météorologues font des prévisions à court terme : les prochains jours et, pour certaines données très précises, les prochaines semaines. Les climatologues, eux, s’intéressent au prochain siècle : bien qu’il soit impossible de prévoir « le temps qu’il fera » le 31 août 2107, on peut à tout le moins, si on introduit suffisamment de données dans l’ordinateur, essayer de visualiser les grandes tendances, comme l’évolution de la température moyenne.

Mais prévoir la prochaine décennie était jugé irréaliste : la marge d’erreur devient alors trop grande. On sait que, d’ici à 2107, la température moyenne aura augmenté d’au moins quelques degrés (les prévisions les plus prudentes de la « conférence du consensus », le GIEC, font état de 3 degrés). Mais la même marge d’erreur, appliquée à 2017, signifierait qu’on devrait parler d’une augmentation se situant entre 0 et 1, ce qui n’a pas grand sens.

Plus maintenant, affirme dans la dernière édition de la revue Science une équipe dirigée par Doug Smith, du Centre Hadley pour les prévisions et les recherches climatiques à Exeter, en Angleterre. Ces climatologues ont pu tout particulièrement profiter de la montagne de données accumulées depuis 1999 par un réseau de 3000 stations automatiques déployées sur les océans. Ils ont conçu à partir de là un modèle informatique s’appuyant sur une représentation plus précise que jamais auparavant de l’état des océans, qui permet, affirment-ils, de faire des prévisions à moyen terme : leur modèle serait valable jusqu’à 2015, mais pas au-delà.

Et le résultat? Après une période d’accalmie ces dernières années, il faudrait s’attendre à battre de nouveaux records de température entre 2009 et 2015. En 2015, la température moyenne devrait être de 0,5 degré Celsius au-dessus de la moyenne des 30 dernières années.

« Ce n’est que le début d’une nouvelle approche » commente l’océanographe Rong Zhang, du Laboratoire de géophysique des fluides à l’Université Princeton (New Jersey), qui développe une technique de prévision similaire pour l’océan Atlantique. En théorie, cette nouvelle approche pourrait en effet servir, au-delà des prévisions à moyen terme, aux prévisions régionales : les modèles climatiques, aujourd’hui encore, ne s’appliquent généralement qu’à la Terre entière, et ce n’est qu’avec de grandes précautions que, tout récemment, les climatologues ont commencé à risquer des prévisions régionales —lesquelles attirent bien plus l’attention des politiciens et des gens d’affaires.

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