On dit que les cellules souches n’ont pas fini de nous surprendre. Il y a de quoi, quand une expérience fait faire à des cellules « ordinaires » ce qui aurait normalement dû n’être possible qu’avec des cellules souches!

Depuis la semaine dernière, les auteurs de cette étude ont eu le temps de répéter leur « surprise » et leur « étonnement » sur toutes les tribunes : des cellules de peau de souris auraient été transformées en cellules de neurones et ce, sans avoir à passer par l’étape des cellules souches.

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Il aurait suffi d'insérer trois gènes dans ces cellules de peau et, en moins d’une semaine, au fond de leur récipient, certaines de ces cellules (taux d’efficacité : 20%) commençaient à former des connexions synaptiques, comme des neurones qu’elles semblaient être devenues.

Retour en arrière. En novembre 2007, un premier pas dans cette direction avait été franchi, lorsque des chercheurs japonais et américains étaient parvenus pour la première fois à « reprogrammer » génétiquement des cellules adultes (de la peau humaine) pour qu’elles deviennent des cellules souches, c’est-à-dire des cellules qui ne se sont pas encore spécialisées. Le passage par l’état de cellule souche étant une étape indispensable, présume-t-on, si on veut être ensuite capable d'ordonner à ces cellules de, justement, se spécialiser —en neurones, en cellules cardiaques, pulmonaires, ou quoi que ce soit d'autre.

Mais en court-circuitant l’étape des cellules souches, l’équipe de Marius Wernig, de l’Université Stanford, qui publie ces résultats dans l’édition en ligne du 27 janvier de Nature, ouvre une porte... là où on ne savait même pas qu’il y avait une porte : serait-il possible que n’importe quel type de cellule adulte puisse être reprogrammé en n’importe quel autre type de cellule?

Si c’était vrai, alors plus besoin de cellules souches, plus besoin d’embryons, et fini les débats éthiques sur les cellules souches embryonnaires. C’est presque trop beau pour être vrai, enjoignent à la prudence ceux qui soulignent que cette étude ne porte que sur des souris, et que sur des cellules de souris au fond d’un bouillon de culture. Sans compter que les chercheurs eux-mêmes s’avouent ignorants d’une partie du processus biochimique qui a conduit à cette « reprogrammation ».

Mais au rythme où les choses avancent depuis 2007, le prochain épisode ne tardera sans doute pas trop...

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