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On dit des inondations au Pakistan qu’elles constituent l’un des plus gros désastres de l’histoire récente. On le disait déjà, il y a un mois. Dans l’intervalle, l’Occident a commencé à secouer son indifférence et les médias ont déferlé là-bas. Mais comment mesure-t-on un désastre?

Les gens de la BBC ont eu l’idée d’une carte interactive (image ci-contre) qui permet de visualiser la taille de la région affectée : cela représente 17,2 millions de personnes.

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Ce que cette carte ne montre pas, c’est que les inondations ont débuté à la fin de juillet, dans le nord du pays (en haut de la carte) et qu’un mois plus tard, le 27 août, des digues continuaient encore de céder dans le sud, forçant notamment l’évacuation de 175 000 personnes dans la ville de Thatta.

  • Rien qu’en deux jours, les 26 et 27 août, un million de personnes se seraient ajoutées à la liste des réfugiés dans les provinces du sud, où le bassin du fleuve Indus a continué de gonfler jusqu’au 29 août.
  • À l’inverse, dans certaines régions du nord, les eaux avaient commencé à refluer à la mi-août : les gens ont donc commencé à réintégrer leurs maisons... du moins, là où il reste une maison. Et même là où il en reste une, encore faut-il que les flots n’y aient pas emporté les réserves de nourriture.
  • Chose certaine, les Pakistanais ont perdu leurs champs : en déferlant du nord au sud, les flots ont lessivé les récoltes, donc la nourriture sur laquelle comptait l’ensemble du pays pour les mois à venir.

Prochaine étape : la famine

L’agriculture est un pilier de l’économie du Pakistan : 23% de son produit national brut et environ 40% de la population active. En plus des routes à reconstruire, il faudra rebâtir d’urgence les systèmes d’irrigation, dont dépendent ces millions de fermiers... parce qu’en temps normal, par une de ces cruelles ironies de la géographie, le Pakistan souffre d’un manque d’eau!

  • Les Nations Unies évoquaient dès le 14 août la possibilité de réduire les risques de famine s’il était possible de planter le plus tôt possible le blé d’hiver, c’est-à-dire en septembre. Mais pour cela, il faut d’abord nettoyer les champs : ce que les fermiers retrouvent dans le nord, ce sont des champs recouverts d’une épaisse couche de boue.
  • Il faut aussi mettre la main sur de nouvelles graines, ce qui ne sera pas facile avec des routes détruites, des villages isolés et des millions de personnes qui attendent encore des secours d’urgence.
  • 3,2 millions d’hectares de cultures ont été détruits, selon le bureau des affaires humanitaires des Nations Unies, et 200 000 animaux d’élevage tués. Et encore ces chiffres figuraient-ils dans un rapport publié le 14 août, avant le gros des dévastations dans le sud.

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