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Combien d’espèces sont menacées de disparition? Un cinquième, un quart, un tiers? Les calculs sont si imprécis que Nature s’est permis de jeter un pavé dans la mare, en suggérant que les estimations ont tendance à surestimer le risque. Mais ne faudrait-il pas un siècle ou deux de recul pour juger?

Les écologistes appellent ça « le déficit d’extinction ». C’est le nombre d’espèces qui auraient dû disparaître, mais qui sont toujours là. Ce qui donne du coup l’impression qu’on avait exagéré le risque. Le problème, c’est que pendant que les scientifiques en débattent, la population de cette espèce continue de décliner et que tôt ou tard, elle disparaîtra effectivement. Autrement dit, le calcul était peut-être trop pessimiste, mais le résultat final est le même.

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« C’est une bonne nouvelle, en ceci que nous achetons du temps pour sauver des espèces », commente d’un côté l’écologiste américain Stephen Hubbell, coauteur de l’étude qui jette un pavé dans la mare en prétendant que les méthodes de calcul surestiment les risques. C’est une belle théorie, mais qui n’est pas étayée par des chiffres, réagissent de l’autre côté plusieurs critiques.

Or, des chiffres seraient pour le moins essentiels pour une étude qui se donne pour titre : « La relation entre l’espèce et sa région surestime toujours le taux d’extinction par perte d’habitat ».

Combien y a-t-il d’espèces?

Un autre des problèmes avec les estimations est que personne ne connaît le nombre total d’espèces vivantes : de nouveaux insectes, des plantes, des amphibiens et des reptiles sont découverts chaque année, de sorte que toute estimation sur le nombre d’espèces disparues comporte une part d’extrapolation. Dans ce cas, quelle formule mathématique faut-il utiliser pour extrapoler ?

Par exemple, lorsqu’un habitat est réduit de 90%, faut-il estimer que la moitié des espèces sont condamnées? C’est la formule largement employée depuis les années 1970 et c’est ce que veulent remettre en question Stephen Hubbell et son collègue chinois Fangliang He, de l’Université Sun Yat-sen.

Ils ne nient pas que la planète soit entrée dans la sixième grande extinction de son histoire, et que l’humanité en soit largement responsable (la cinquième était celle qui a mis fin aux dinosaures). Fangliang He s’est même senti obligé de le préciser, devant la montée de boucliers de certains biologistes : la seule chose que nous remettons en question, dit-il, c’est l’emphase mise sur la relation mathématique espèces-territoires. Mais le titre de leur étude disait davantage...

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