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S’il y avait une chose positive qui pourrait rester de la pandémie, ce serait la multiplication des collaborations entre scientifiques de pays différents et même de disciplines différentes. Avec quelques bémols: la COVID a nui à des projets de collaboration portant sur des sujets autres que la pandémie. Et elle n’a pas aplani les tensions entre des pays comme les États-Unis et la Chine.

Mais malgré ces bémols, « le monde a besoin de plus » de telles collaborations, titre l’éditorial du 16 juin de la revue scientifique Nature. « De telles collaborations, bien que complexes, sont florissantes à plusieurs égards ». L’éditorial chapeaute un numéro spécial consacré aux collaborations scientifiques, COVID et pré-COVID.

Que ce soit dans le séquençage de milliers de génomes du virus, ou dans l’exploration de la fameuse protéine assimilée à une « épine », ou dans la quête d’un médicament antiviral efficace, une bonne partie des efforts des 17 derniers mois n’aurait pas été possible sans une certaine coordination interdisciplinaire et internationale.

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Mais en même temps, une compilation réalisée par Nature révèle que ces efforts auraient pu être plus poussés, n’eût été des tensions politiques et d’une certaine désorganisation. Ainsi, plus on avance dans l’année 2020, et plus augmente le nombre d’articles dont les auteurs sont tous du même pays —augmentant le risque de recherches qui dédoublent ce que d’autres chercheurs fouillaient déjà ailleurs. Le symbole d’une occasion manquée est encore plus évident, note l’éditorial, lorsqu’on ne considère que les données bibliométriques (publications, auteurs, etc,) de la Chine et des États-Unis. « La portion des collaborations internationales de la Chine qui impliquent des auteurs américains diminue depuis 2017. » Si même la pandémie n’a pas réussi à inverser cette tendance, on peut craindre des temps difficiles dans le futur proche.

Certes, si on élargit la perspective, les collaborations de 2020 s’inscrivent dans une tendance positive: depuis deux décennies, en recherche scientifique, les collaborations internationales sont à la hausse. Mieux encore —et d’un grand poids du point de vue des universités— les articles produits dans le contexte de ces collaborations « tendent à être. plus cités que les articles produits à l’échelle nationale ».

Les différents articles du numéro spécial de Nature contiennent des exemples de collaborations qui auraient été impossibles sans cette crise sanitaire, et qui auront inévitablement des suites. En même temps, le rétrécissement des échanges Chine-États-Unis aura lui aussi un impact négatif, au-delà de ces deux pays.

Et parmi les autres formes de collaboration que l’année « tout-à-la-Covid » a fait passer sous le radar, il y a celles avec les femmes chercheuses. Selon la vice-présidente de l’éditeur de revues scientifiques Elsevier, les données de sa compagnie pour 2020 montrent que « les femmes ont typiquement de plus petits réseaux de collaboration internationale que les hommes », ce qui a accentué le retard que certaines ont pris pendant l’année, données à l’appui. Là aussi, plusieurs vont observer les données bibliométriques dans la prochaine année, pour voir s’il s’agit d’un accident de parcours, ou d’une tendance dangereuse.

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