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Le courant océanique de l’Atlantique, que l’on connaît à présent très bien, a son équivalent près de l’Antarctique. Or, tous deux semblent avoir une chose en commun: ils ralentissent, et ils pourraient tous les deux, en théorie, s’interrompre.

C’est une hypothèse que connaissent en particulier les amateurs de scénarios catastrophes: si le grand courant marin de l’Atlantique s’interrompait, les conséquences sur les climats de l’Europe et de l’Amérique du Nord seraient énormes. En plus des conséquences sur la vie marine, qui dépend des substances nutritives transportées par ce courant. C’est aussi lui qui, à travers le Gulf Stream, amène les eaux chaudes des tropiques jusqu’en Europe, et ramène, par une « circulation » sous-marine, des eaux plus salées et plus froides vers le sud. Ce processus est resté largement inchangé depuis des milliers d’années.

On sait depuis plusieurs années que, sous l’influence du réchauffement climatique, ce grand courant marin ralentit. Sont entre autres en cause: le réchauffement plus rapide des eaux de l’Arctique et la fonte des glaces du Groenland, qui déséquilibre le ratio eau douce /eau salée.

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Or, la même chose est peut-être en train de se passer autour de l’Antarctique, à cause de la fonte des glaces là-bas aussi, d’après ce qu’ont publié récemment dans Nature des chercheurs australiens et américains.

En fait, ces courants de l’Atlantique que l’on connaît bien sont une partie d’un vaste réseau mondial, appelé circulation thermohaline, qui  contribue à la régulation du système climatique de la planète: on compare souvent cette « circulation » à un thermostat de la planète. Il n’est donc pas anormal que si une partie ralentit, une autre ralentisse aussi mais, pour des raisons évidentes, l’Antarctique a moins souvent été sous la loupe des chercheurs depuis 20 ans que l’Atlantique.

Circulation thermohaline

Circulation thermohaline / Wikipedia Commons

Paradoxalement, cette étude arrive à un moment où les plus récentes données sur l’Atlantique évoquent un ralentissement plus lent qu’estimé, ce qui signifie que son interruption pourrait ne pas être à l’horizon avant 2100. Le ralentissement de l’Antarctique pourrait donc le prendre de vitesse, selon la nouvelle étude: ces chercheurs sont les premiers à fournir un modèle détaillé des impacts de la fonte de la banquise sur la circulation thermohaline.

Ils prédisent un déclin de 42% du courant sous-marin (le « courant marin de profondeur ») de la région d’ici 2050 —contre 19% dans l’Atlantique Nord. Et si la fonte se poursuit au rythme actuel, les choses vont s’accélérer après 2050. Ils n’ont toutefois pas tenu compte dans leur modèle de la possibilité d’une diminution radicale des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 qui, du coup, ralentirait la fonte de la banquise après 2050.

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