La sorcière la plus populaire du Québec, Marie-Josephte Corriveau aka La Corriveau, est une usurpatrice. Pas étonnant que les ethnologues et historiens du paganisme québécois ne la mentionnent guère.

Magie blanche, philtres d’amour et sabbat au clair de lune. Mireille Gagnon en connaît long sur le sujet. Elle a déposé un mémoire sur la sorcellerie contemporaine au département de sciences religieuses de l’Université Laval. Pour elle, aucun doute. La Corriveau n’est pas une sorcière. C’est l’imaginaire qui se l’est appropriée ainsi. À tort.

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Gloire posthume

Avec deux maris morts dans des conditions nébuleuses — le premier l’oreille plombée, le second la tête piétinée — la Corriveau traîne derrière elle une réputation sulfureuse. Condamnée à mort dans la Nouvelle-France du 18e siècle, elle est suspendue à un gibet à la croisée des chemins. Lorsqu’on retrouve la cage qui fut son tombeau près d’un siècle plus tard, la légende s’emballe pour cette sorcière locale.

Encore aujourd’hui, La Corriveau reste une figure rare de l’imaginaire collectif québécois qui compte peu de sorcières. Et comme le précise Mireille Gagnon, cela n’a rien de surprenant. « Il n’y a pas eu de chasses aux sorcières en Nouvelle-France. Il faut dire qu’il n’y avait pas beaucoup de femmes. Et puis l’Église avait d’autres chats à fouetter avec la christianisation des Indiens. On mettait l’énergie ailleurs! »

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