(Québec) - Ils se jouent des contraintes, ils mentent sur leur profil. La seule chose qui importe : leurs amis. Si les jeunes investissent les réseaux sociaux, ce n’est pas parce qu’ils sont fous des technologies, mais bien parce qu’ils aiment socialiser!

« Si autrefois, les jeunes fréquentaient les centres d’achats pour rencontrer leurs amis, c’est vers les réseaux sociaux qu’ils se tournent aujourd’hui », explique Danah Boyd, ethnographe reconnue à l’échelle mondiale et conférencière au colloque international du Cefrio présenté cette semaine à Québec. Et s’ils les investissent, c’est parce que leurs parents interdisent les sorties par peur du danger, parce qu’ils doivent se concentrer sur leurs devoirs ou parce qu’ils sont tout simplement trop occupés pour sortir avec leurs amis. À rester à la maison, autant en profiter pour socialiser en ligne. D’autant plus, précise la chercheuse « que s’ils ne sont pas où sont leurs amis, ils n’existent pas! »

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S’ils se racontent peu, les jeunes communiquent beaucoup. Ils partagent avec leurs amis les moindres détails de leur vie privée. Cette notion, telle qu’on la définit habituellement, en prend d’ailleurs un coup. Ainsi, on apprend que la maison, dernier renfort de la vie privée, n’en serait pas un pour eux, leurs parents ou frères et sœurs pouvant surgir à tout moment! « Comment conceptualisent-ils alors la vie privée, demande la chercheuse. Ils s’en soucient profondément, mais c’est plutôt le contrôle qu’ils apprécient. »

Par ailleurs, les réseaux sociaux présentent plusieurs contraintes auxquelles sont confrontés ces jeunes adeptes d’Internet. Des contraintes qu’ils peuvent difficilement mesurer. La persistance (les écrits restent), la reproductibilité (le copier-coller à l’infini), la recherche (personne n’est à l’abri) et le poids des contenus (les plus embarrassants sont aussi ceux qui voyagent le plus). « L’absence de frontières spatiales, sociales et temporelles rend aussi difficile le maintien de contextes sociaux distincts. La différentiation entre le privé et le public devient par conséquent insignifiante. »

Alors que les parents se désengagent de leur rôle et que l’apprentissage à l’école se fait toujours selon un cadre formel, il est important de développer les aptitudes sociales de ces jeunes. Et pour ce faire, ils ont besoin d’interactions informelles avec des adultes. Ils ont besoin d’apprendre à apprendre.

Pour en savoir plus

Une conférence de Danah Boyd sur les jeunes et les réseaux sociaux

Ses billets les plus récents sur les jeunes

Le colloque international sur la Génération C du Cefrio

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