
En entrevue pour Fox News, Robert F. Kennedy Jr (RFK) a mentionné que les adolescents des États-Unis auraient aujourd’hui des niveaux de testostérone inférieurs à ceux d’un homme de 68 ans. Une affirmation nettement exagérée, a constaté le Détecteur de rumeurs.
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L’origine de la rumeur
Le 22 avril 2025, le secrétaire à la Santé des États-Unis (Department of Health and Human Services) a accordé une entrevue à Fox News pour discuter de son dernier plan: bannir neuf colorants alimentaires artificiels. Invoquant les problèmes de santé qui seraient associés à ces produits, il a affirmé que les niveaux de testostérone chez les adolescents auraient diminué de 50 % au cours des dernières années.
RFK reprenait en fait une rumeur qui circule depuis plusieurs années. Le quotidien USA Today rapportait en mai 2022 que cette affirmation circulait notamment sur Twitter et sur Facebook : « Un Américain moyen de 22 ans a environ les mêmes niveaux de testostérone qu’un homme de 67 ans dans les années 2000. La moyenne de testostérone aurait diminué de près de 50 % dans les deux dernières décennies et personne n’en parle. »
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Selon l’article, cette affirmation proviendrait d’un texte publié en 2021 par un site d’extrême droite. Après analyse, le journal concluait que l’affirmation était « partiellement fausse ».
Une diminution ? Vrai
Il est exact qu’une baisse des niveaux de testostérone a été observée chez les hommes aux États-Unis, mais celle-ci aurait commencé il y a près de 40 ans. En 2007, des chercheurs américains la signalaient chez les hommes de 45 à 79 ans, entre les années 1987-1999 et 2002-2004.
Plus récemment, dans une étude publiée en 2021, des scientifiques américains ont eux aussi constaté un déclin significatif des taux de testostérone entre 1999-2000 et 2015-2016 chez les adolescents et les jeunes adultes, qu’ils évaluaient à 25%.
Cette diminution a également été observée au Danemark, en Finlande et à Israël, à des niveaux très variables d’un pays à l’autre (par exemple, 9,8% en Israël entre 2006 en 2016 chez les hommes de 21 ans).
Des chiffres exagérés? Vrai
Aucune de ces études n’a toutefois mesuré une réduction de 50 %.
De plus, il faut mentionner que, dans la recherche américaine de 2007 où la diminution était de 22%, les hommes étudiés en 2002-2004 étaient plus âgés (57-80 ans) que ceux de 1987-1989 (45 à 71 ans). Cela pourrait avoir une influence sur les résultats, puisque les taux de testostérone diminuent avec l’âge.
Les jeunes plus affectés ? Pas prouvé
Enfin, contrairement à l’affirmation de RFK, ça ne concerne pas que les jeunes : tous les hommes, peu importe leur âge, semblent être touchés.
Pour ce qui est des jeunes, des chercheurs américains avaient calculé en 2017 qu’un taux de testostérone normal chez un homme âgé de 19 à 39 ans peut varier de 264 à 916 ng/dl (nanogrammes par décilitre). Une autre recherche, publiée en 2022, ramenait pour sa part la fourchette, pour les 20-44 ans, entre 409 et 558 ng/dl.
Or, les niveaux mesurés dans l’étude de 2021 chez les adolescents et les jeunes adultes, étaient de 451 ng/dl : ils se retrouvaient donc à l’intérieur de cet intervalle. Par ailleurs, selon les données analysées en 2017, la moitié des jeunes hommes avaient un taux de testostérone supérieur à 495 ng/dl, ce qui était au-dessus de la valeur moyenne des hommes de 60 à 69 ans (416 ng/dl).
Un lien avec les colorants alimentaires? Incertain
Robert F. Kennedy attribue aux colorants alimentaires synthétiques cette baisse des niveaux de testostérone chez les jeunes Américains. Cependant, rien ne permet de faire ce lien. En fait, les raisons de cette éventuelle baisse ne sont pas claires.
Dans leur article de 2021, les scientifiques américains pointaient du doigt l’augmentation de l’indice de masse corporelle (IMC). Cette conclusion n’était pas partagée par les auteurs israéliens. Un article publié en 2019 faisait un lien avec l’exposition à certains métaux. Quant aux chercheurs finlandais, ils écrivaient en 2013 n’avoir aucune explication à offrir.
Verdict
Bien qu’on observe une diminution des taux de testostérone chez les hommes en général, l’affirmation de Robert F. Kennedy quant à la diminution et à l’intervalle de temps est nettement exagérée.