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Quand on parle de l’Internet des objets, c’est ça: deux moteurs d’avion capables d'envoyer un signal radio, en plein vol. Quand on parle de collaboration massive ou de crowdsourcing, c’est aussi Internet: une armée de gens traquant un avion disparu. Pas étonnant qu’on trouve incompréhensible qu’en 2014, un avion puisse disparaître sans laisser de traces.

Au début, dans la nuit du 7 au 8 mars, le vol MH370 était disparu des écrans radars quelque part au-dessus de la mer, entre la Malaisie et le Vietnam, moins d’une heure après son départ de la Malaisie. Déclenchant des recherches intensives qui se poursuivent toujours, une semaine plus tard. Et puis, voilà que le 12 mars, des médias révèlent que deux transmissions de données techniques auraient été reçues par la compagnie aérienne quatre heures après le moment où l'avion est disparu.

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Ces signaux, appelés ACARS (Aircraft Communications Addressing and Reporting System) servent à colliger automatiquement des données sur tout problème technique qui aurait surgi pendant un vol. Ils sont envoyés après le décollage, à un certain point pendant le vol, et à l’atterrissage. Ils n’ont pas pour but de suivre à la trace un avion, mais de fournir du matériel aux ingénieurs lors d’éventuelles réparations. En vertu des règles de l’Organisation de l’aviation civile internationale, ces données restent la propriété des compagnies aériennes, à moins que des enquêteurs ne les réclament.

Et il s’agit d’une technologie relativement récente, née avec la miniaturisation des technologies permettant d’envoyer des données depuis n’importe quel «objet» —par exemple, les téléphones intelligents.

Or, selon ce qu’a révélé le Wall Street Journal le 12 mars, non seulement une transmission radio aurait-elle été reçue par Malaysia Airlines, mais elle aurait été reçue quatre heures après le moment présumé de la disparition de l’appareil. Dans une version précédente du communiqué de presse, la compagnie aérienne affirmait n’avoir reçu aucune donnée via ACARS, mais selon les deux sources du Wall Street Journal, ces transmissions ne contenaient pas de données proprement dites: plutôt des signaux périodiques censés indiquer que l’appareil est toujours en vol.

Cette information n’a pas été confirmée par des sources indépendantes, ni par les autorités malaisiennes. [ Ajout 15 mars: voir les commentaires ] 

Pas sur les radars

Il faut rappeler que le fait qu’un appareil disparaisse des radars ne signifie pas qu’il a explosé ou s’est écrasé: au-delà de 200 kilomètres des côtes, les avions ne sont plus suivis directement par radar. Il y a bien un transpondeur à bord, c’est-à-dire un appareil radio qui envoie périodiquement un signal au radar le plus proche, mais encore faut-il qu’il y en ait un pour capter le signal.

Le transpondeur est situé dans le poste de pilotage, entre les deux pilotes, et peut également servir à envoyer un code d’urgence, tout comme il peut être éteint en poussant simplement un interrupteur. Il peut donc avoir été éteint volontairement, comme le suggèrent les partisans d’un acte de terrorisme. Mais cela signifie que, si les quatre heures supplémentaires de vol s’avèrent authentiques, le périmètre des recherches devient une zone gigantesque, allant de l’Inde à l’Australie (photo).

À l’inverse, un appareil peut fort bien avoir explosé ou s’être écrasé sans que les pilotes, occupés à réagir à l’urgence, n’aient eu le temps d’envoyer un appel de détresse. L’enregistreur de vol ou «boîte noire», censé avoir une durée de vie d’un mois, pourrait répondre à bien des questions, s'il était retrouvé.

Crowdsourcing

Bien avant cette nouvelle, des gens avaient lancé des invitations à élargir les recherches sur Internet. Une compagnie d’imagerie par satellite du Colorado a ainsi mis en ligne le 10 mars des images de la région prises par ses cinq satellites, invitant quiconque possède les compétences techniques à les décortiquer pixel par pixel, à la recherche de débris ou de traces de pétrole. Ces photos permettent en théorie de voir des objets faisant aussi peu que 40 centimètres.

Déjà, dès les premiers jours, des ressources considérables avaient été mises en oeuvre: la Chine —150 des 239 personnes à bord sont chinoises— avait détourné 10 satellites au-dessus de la région, certains censés être équipés de caméras à très haute résolution; les États-Unis, la France, la Chine et une dizaine d’autres pays ont mobilisé 57 navires et 38 avions, en date du 13 mars. Au sein de l’organisme responsable de veiller au respect de l’interdiction des essais nucléaires, on a examiné les données des derniers jours, à la recherche d’un signal ultrason qui pourrait trahir l’explosion d’un appareil. En vain jusqu’ici.

Une situation qui n’étonne toutefois pas les experts en aviation interrogés par Wired : «le fait est qu’il est très difficile de trouver quelque chose dans l’eau». L’auteur rappelle aussi qu’il a fallu deux ans pour récupérer la boîte noire du vol d’Air France qui s’était écrasé dans l'Atlantique en 2009.

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